Alexandre, 25 ans, est un grand passionné de nature. Plus jeune, il souhaitait devenir photographe animalier. Puis, il est tombé sur un reportage dans lequel les lions et les éléphants se faisaient tuer par des braconniers. Il a alors su qu’il voulait travailler pour la protection de la nature, déjà très sensible à l’environnement, même si il n’était pas encore un naturaliste à proprement parler. Progressivement, une fois les études supérieures intégrées, il s’est de plus en plus engagé dans cette cause. Lorsqu’il était en licence professionnelle, il a créé une association étudiante de développement durable avec des amis (l’ADDU), très dynamique encore aujourd’hui. Il est aujourd’hui, en parallèle de son emploi, administrateur et trésorier à la FRAPNA, principale association environnementale régionale (relai local de France Nature Environnement) qui compte près d’une centaine de salariés. Désormais, il souhaite aller encore plus loin dans ses convictions et a pour projet de recréer une micro-société alternative. Avec des amis, il a racheté un corps de ferme qu’ils vont rénover et développe autour tout un projet agricole (les Sources du Suchel). L’objectif final étant d’aboutir à un éco lieu permaculturel, dans la continuité des éco hameaux. Ses centres d’intérêt rejoignent bien souvent son activité professionnelle.

Son Conseil

« S’investir dans le monde associatif est très formateur. Lorsque j’étais étudiant, j’ai créé une association axée sur le développement durable. J’ai beaucoup appris et gagné en confiance. »

Son cursus universitaire

Un parcours bien réfléchi

Pour sa licence professionnelle, il a fait le choix de la formation initiale sous la forme d’un projet tutoré et de stages.

L’environnement comme ligne directrice

C’est lors d’une sortie pendant la licence autour de l’étude de la phytosociologie (étude des communautés de plantes) qu’il avait rencontré son maitre de stage. « Le feeling est immédiatement passé. Je lui ai dit que je voulais devenir phytosociologue alors même que c’était encore très peu attractif pour la plupart des étudiants. Pour se démarquer, je pense que la meilleure stratégie actuellement est de disposer de connaissances théoriques généralistes pour pouvoir toucher à tout et se spécialiser dans des domaines où il y a moins de demandes et qui sont pourtant tout aussi riches et intéressants. »

A l’issue de son stage, il a été embauché en CDD pendant 4 mois avant de signer un contrat en CDI. « Il y a une part de chance dans mon parcours mais avant tout une grande part de réflexion personnelle. »

Il a fait le choix de ne pas poursuivre ses études en master mais de continuer de se développer intellectuellement par d’autres biais, et principalement en s’engageant dans le milieu associatif en lien avec le développement durable.

En parallèle de ses études, il avait créé son association de développement durable. Aujourd’hui, il continue de consacrer une grande partie de son temps libre à son engagement en tant qu’administrateur et trésorier au sein d’une association en lien avec ses centres d’intérêt  Il a beaucoup appris : constitution de dossiers, dépôt en préfecture, gestion d’un budget, respect des délais. « On gagne aussi beaucoup en assurance et en prestance ». C’est à ses yeux un bon moyen de mettre le premier pied à l’étrier dans le monde professionnel.

La mixité durant ses études

En licence professionnelle ATIB (Analyses et Techniques d’Inventaires de la Biodiversité), les filles sont largement majoritaires, représentant en moyenne près de 70% des effectifs.

Des proportions plutôt équilibrées

Mais cette tendance ne se vérifie pas forcément chaque année. « Dans ma promotion, la parité était relativement bien représentée et je n’ai jamais eu l’impression d’évoluer dans un univers réputé pour être plutôt féminin. »

Selon lui, la sélection des candidats pour cette licence professionnelle se fait uniquement sur la motivation et l’envie d’en découdre sur le terrain. Et contre toutes les idées reçues, la mixité était assez équilibré.

Ses premières expériences professionnelles

Lorsqu’il a fait ses premiers pas à Ecotope, cette Très Petite Entreprise (TPE) familiale ne comptait que deux autres personnes : le patron et sa femme, écologue et environnementaliste.

Participation au développement de la TPE

« Il leur était indispensable d’embaucher pour continuer de se développer. J’ai réalisé à mon arrivée un gros travail de démarchage en répondant à des appels d’offre. » L’année d’après, ils ont quasiment doublé l’activité de l’entreprise. Aujourd’hui, ancrée dans une bonne dynamique, l’entreprise devrait continuer de grossir, si une nouvelle crise ne repasse pas par-là dans les prochaines années.

Mais Alexandre ne compte pas poursuivre. Très engagé, il a décidé de lancer en tant qu’indépendant avec une volonté d’innover en matière d’écologie.

« J’ai quitté mon emploi et je vais me lancer en tant qu’entrepreneur salarié dans une SCOP. Mon objectif est de continuer à aller plus loin vers la préservation de l’environnement du sol, de la faune et la flore notamment. » Pour cela il a besoin de repenser le métier dans son intégralité, d’innover. Il compte donc s’appuyer sur son expérience à Ecotope, courte à l’échelle d’une carrière mais suffisante pour savoir d’où on part et vers quoi on tend.

Il se lance en indépendant pour travailler sur les questions d‘écologie : proposer des solutions pour innover.

Des responsabilités techniques

Même si le directeur est légalement le seul responsable de chaque dossier, Alexandre a de véritables responsabilités techniques.

Faire preuve de rigueur

Si il passe à côté d’une espèce protégée lors de son étude et que cela est ensuite prouvé, les conséquences, entre autres financières, peuvent être graves pour le client et l’entreprise. « On perdrait également en crédibilité. Il faut donc être très concentré lorsqu’on réalise les inventaires en espaces naturels. »

La rigueur doit être la même lorsqu’il s’agit de rédiger une demande de dérogation. Si elle n’est pas acceptée au niveau national, par le Ministère de l’environnement, le client se voit contraint de reporter son chantier d’au moins 6 mois, entrainant de grosses pertes financières.

Son métier implique également d’être mobile avec de nombreux déplacements, principalement pendant l’été. Des mois d’avril à août, l’activité s’intensifie et les journées sont chargées. Il parcourt en moyenne entre 20 et 40 000 kilomètres chaque année, à travers la France. Il transporte généralement beaucoup de matériel et se déplace donc en voiture. « On fait de tout, même de l’inventaire nocturne. C’est le côté aventurier du métier mais il est possible, pour ceux qui sont moins dans cet état d’esprit, de réaliser des études uniquement sur la flore par exemple. » 

Son métier d’écologue Naturaliste

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • la dimension aventurière en osmose avec la nature
  • se balader dans la nature et découvrir de nouveaux paysages
  • les voyages à travers la France
  • se sentir utile
  • mêler travail et passion

Les aspects les plus négatifs :

  • la fatigue : demande de l’endurance et une bonne condition physique
  • les horaires variables
  • les risques liés au métier principalement dans les zones péri urbaines.

Zoom sur ses missions

Études en espaces naturels

Ces études d’impact peuvent être commandées par un client privé ou public qui souhaite réaliser un aménagement.

Travail de terrain

Il se déplace alors sur le terrain, à travers l’Hexagone, afin de réaliser des diagnostics écologiques. Il fait des inventaires dans les espaces naturels et péri urbains. Pour ce faire, il doit dans un premier temps identifier et recenser les habitats naturels, les différentes espèces animales et végétales présentes. « Tous mes sens entrent en action : le toucher, l’odorat, l’ouïe. Je m’immerge dans le milieu, j’essaye d’entrer en osmose parfaite avec la nature pour en décrypter tous les secrets. Mon niveau de concentration doit être à son maximum. » Et selon chaque espace exploré, le travail n’est jamais le même. Il s’agit aussi bien de se servir de jumelles pour observer les oiseaux, de prendre un filet pour attraper les papillons et les libellules, de mettre des pièges pour les insectes et en déterminer les espèces, aller en pleine nuit écouter, compter et pêcher des amphibiens. Il recherche également des plantes, bien entendu en priorité celles qui sont rares et protégées.

Il lui arrive de se retrouver dans des endroits un peu dangereux : « En zone périurbaine, le danger peut venir de partout. On peut être pris à parti par des habitants. Il faut donc être vigilant. On se déplace autant que possible en binôme. En espace naturel, le danger est tout autre et provient surtout de l’environnement naturel en lui-même, que l’on ne maitrise pas. Sur des falaises ou dans des tourbières, le faux pas n’est pas autorisé. Il est impératif d’être assez endurant physiquement et mentalement. »

Études des zones humides

Il réalise des sondages pédologiques et analyse les carottages pour des communes ou des entreprises, souvent pour des raisons réglementaires.

Prélèvement d’échantillons

A partir des échantillons de sols prélevés, il fait une lecture et fournit les résultats de son analyse. Il réalise aussi des cartographies à l’aide de SIG (Systèmes d’Informations Géographiques), des logiciels très techniques qui permettent d’avoir un fond de carte, et de redécouper les surfaces en fonction de leurs spécificités observées.

Élaboration de rapports et relation clientèle 

Cette partie représente 2/3 de son temps de travail.

Faire respecter la loi

« La protection de la nature n’est pas la finalité en soi de ces études d’impact. Notre objectif est de faire respecter la loi, de faire connaître à notre client ses droits et devoirs vis-à-vis de l’environnement. On ne peut pas faire n’importe quoi sans prendre en compte les éventuelles espèces protégées. J’ai un rôle d’accompagnement et de dissuasion. »

Puis, on l’accompagne dans la rédaction des dossiers d’études d’impact puis de demande de dérogation pour le dérangement ou la destruction en cas de présence d’espèces protégées.

 Études et suivi scientifique pour des réserves naturelles

Après avoir localisé et compté les espèces, il tente d’identifier les raisons de leur présence ou au contraire de leur disparition.

Travail de gestion de la nature

Dans le cadre de cette mission, il est amené à rencontrer les différents acteurs locaux, à savoir des agriculteurs, élus, pêcheurs, forestiers, chasseurs et quelques propriétaires de parcelles. C’est en discutant avec eux que cela l’aidera à mieux comprendre cet environnement et son évolution afin de déterminer ensuite les démarches à mettre en œuvre pour continuer de bien protéger cette zone. « Il s’agit davantage de gestion de l’environnement que de protection à proprement parler. En effet, il n’existe plus vraiment d’espaces sauvages, c’est aujourd’hui dans les espaces gérés (pâturages, gestion extensive de l’environnement, etc.) que l’on trouve le plus de biodiversité, et que l’on intervient pour des études en environnement. »

Appel d’offres

Il répond à des appels d’offres pour décrocher de nouveaux marchés.

Prospection de nouveaux clients

Afin que cette petite structure continue de se développer, il doit réaliser ce travail qui n’est pas forcément le plus intéressant à ses yeux. Il rédige les dossiers, réalise un devis et propose un prix : « Il faut vendre du mieux possible les services de l’entreprise, l’adapter par rapport à la demande du client en insistant sur les points les plus importants afin d’avoir le plus de chance de décrocher le contrat. »

Son environnement professionnel

La structure

Cette petite structure familiale compte cinq salariés. Des effectifs réduits qui permettent à Alexandre de pouvoir toucher un peu à tout et ainsi devenir polyvalent.

Une certaine liberté

Autonome, son patron laisse une grande marge de manœuvre. Il a énormément appris une fois en poste : « Beaucoup de gestes s’apprennent sur le tas et notre œil s’aiguise avec l’expérience. En licence, on nous apprend les critères pour différencier des espèces et les techniques de base. A nous ensuite de les mettre en application en fonction du milieu naturel dans lequel on se trouve. »

Du démarchage du client jusqu’au rendu de l’étude en mains propres au client, il gère son dossier tout seul. C’est à lui de s’organiser comme il le souhaite pour gérer ses projets dans l’intégralité et tenir ses délais « C’est très formateur pour soi et très intéressant pour le client aussi qui a un seul interlocuteur impliqué dans le projet. »

Ce fonctionnement lui convient bien.

Ses relations professionnelles

Sur le terrain, il est bien souvent en solitaire mais il est en contact direct avec ses clients et reste leur interlocuteur privilégié.

En lien direct avec ses clients

Il doit réaliser un travail de qualité pour conserver leur confiance et ne pas perdre sa crédibilité.

Pour les études d’impact, il travaille essentiellement en lien avec des ingénieurs environnementalistes. « On intervient souvent en tant que sous-traitant. Il faut être capable de les accompagner, de montrer que l’on est présent sur le terrain et que l’on est compétent. »

Concernant ses relations avec ses collègues, ils sont tous issus de l’université avec la qualification d’écologue : « Nous sommes tous au même niveau. Il n’y a donc aucune rivalité, aucun conflit d’égos. L’ambiance de travail est très saine. Et donc sereine. »

L’environnement, un domaine encore plutôt féminin

Les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses dans le secteur des études environnementales, mais ceci est vrai seulement pour certains postes plus généralistes, et pas forcément pour celui de naturaliste de terrain, qui reste encore très masculin, malgré des évolutions notables.

Une mixité variable selon les métiers

« Le métier de naturaliste, qui a longtemps évolué dans un univers assez fermé, plutôt machiste même, devient de plus en plus mixte. Nous comptons deux femmes, une écologue et une environnementaliste, dans notre équipe de cinq personnes. Elles sont souvent moins présentes sur le terrain et des mesures de sécurité supplémentaires sont prises. Par exemple, elles n’interviennent jamais seules pour une observation nocturne, surtout en zone périurbaine. Mais progressivement, de plus en plus de femmes à l’état d’esprit aventurier franchissent le cap. »

Cependant, les femmes, qui dans l’ensemble vont plus loin dans les études, sont fortement présentes puisqu’elles sont plus nombreuses sur des postes à responsabilité (de suivi et de cadrage), d’ingénieures, de chargées de projet et d’environnementalistes généralistes.