Marie-Cécile est une femme ambitieuse et déterminée qui sait ce qu’elle veut. Dès son entrée au collège, elle savait qu’elle voulait devenir chirurgienne et s’en est tenue à son rêve malgré les onze années d’études requises. Ses stages en médecine lui ont confirmé son attirance pour le bloc opératoire et l’ont guidée progressivement vers la chirurgie digestive.
Cette maman hyperactive de quatre enfants partage son temps entre sa vie de famille et son travail particulièrement prenant mais qui la passionne. Dévouée et altruiste, elle souhaite, plus tard, quand ses enfants auront bien grandi, consacrer de son temps et mettre ses compétences au service de l’humanitaire. C’est son rêve depuis qu’elle a obtenu son diplôme.

Son Conseil

« Maitriser l’anglais est essentiel pour pouvoir présenter ses travaux et échanger avec d’autres spécialistes lors de colloques internationaux. »

Son cursus universitaire

Des études exigeantes

Les études de médecine permettent de former des médecins, parfois hyper spécialisés, mais ayant une vision globale de la médecine.

Des stages pour choisir sa spécialisation

Il faut dire que les études de médecine sont longues et exigeantes, avec un très gros volume horaire de cours et une quantité importante de connaissances à assimiler. « La première année est particulièrement difficile et la concurrence est rude. Il faut préparer, sans relâche et avec beaucoup de sérieux, le concours pour espérer le réussir.»

En 2e et 3e années, les études se répartissent entre cours magistraux, travaux pratiques, études dirigées et des stages cliniques d’initiation, pour acquérir une formation médicale complète. En 4e, 5e et 6e années, les étudiants sont en externat et réalisent des stages à mi-temps à l’hôpital avec un certain nombre de gardes à effectuer.

A la fin de la 6e année, ils passent les Epreuves Classantes Nationales (ECN). Pour avoir le choix de sa spécialité et du lieu d’exercice, il faut être classé parmi les meilleurs. Elle a pour sa part opté pour une spécialité chirurgicale pour la pratique et pouvoir rentrer dans les blocs opératoires. « L’aspect concret de cette activité m’a tout de suite plu et mes stages ont confirmé cette attirance. Concernant la chirurgie digestive, je l’ai choisie parce qu’elle est vaste, riche et donc variée. J’ai aussi eu la chance de connaître le Professeur Bel à la Croix Rousse, un des grands professeurs hépatogastro entérologue à Lyon, qui m’a beaucoup influencée dans mes choix tout. Les Professeurs Baulieux et Peix, enseignants responsables de la séméiologie chirurgicale digestive de 3° année de médecine, ont eux aussi joué un rôle décisif. »

Ensuite, l’internat dure de 3 à 5 ans. 5 ans pour sa part étant donné qu’elle a fait le choix de la chirurgie. Elle a multiplié les stages en parallèle des enseignements théoriques et de la préparation de sa thèse de recherche afin de valider son Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES) et obtenir son diplôme d’Etat de médecine.

« On ne devient pas chirurgien du jour au lendemain avec le papier de la thèse et du diplôme. L’apprentissage est très progressif basé sur le compagnonnage. »

La mixité durant ses études

Les filles sont de plus en plus nombreuses, représentant aujourd’hui plus de 60% des étudiant.e.s de médecine, ce qui n’était pas le cas durant ses études.

Un nombre croissant de filles

La tendance s’inverse et les filles sont désormais plus nombreuses en 1ère année puis les années suivantes que les garçons : « Elles sont souvent plus sérieuses et travailleuses. » Cependant, la spécialité chirurgie reste encore plus choisie par les hommes. Il faut dire que l’investissement dans sa carrière professionnelle doit être total tout comme le dévouement à ses patients, ce qui laisse parfois peu de place pour la vie de famille avec des gardes nocturnes et durant les week-ends. Ainsi, les femmes se dirigent davantage vers la médecine générale, la gynécologie, l’ophtalmologie ou encore la dermatologie.

Sa titularisation et son hyper spécialisation

Le diplôme d’État ne suffit pas. Avant d’être titularisé.e, plusieurs étapes sont inévitables.

Ses premiers pas

Son diplôme en poche, elle a exercé comme chef de clinique à l’Hôtel Dieu avant d’être titularisée en tant que praticienne hospitalière à la Croix-Rousse. Cela fait quatre ans qu’elle a rejoint la clinique de la Sauvegarde.

Après quelques années d’expérience, elle a ensuite décidé de se spécialiser encore davantage en proctologie (hémorroïdes) mais surtout en chirurgie de l’obésité : « C’est un véritable fléau dans notre société qui intervient de plus en plus tôt. Il s’agit essentiellement d’installer des anneaux gastriques, bypass et autres techniques pour aider les personnes à limiter leur consommation de nourriture et donc à perdre du poids. » Néanmoins, même si ce sont ses deux spécialités de prédilection, elle traite toutes les pathologies gastriques parmi lesquelles on peut citer les plus courantes : vésicule, hernie, appendicite et cancer du colon.

Un métier de responsabilité

Pour devenir chirurgienne, il faut avoir les épaules solides et un grand sang froid. Sa responsabilité vis-à-vis des patients est immense.

Un dévouement total aux patients

« Même si les infirmières s’occupent très bien des patients, c’est nous qui engageons notre entière responsabilité en cas de problème. Nous avons tout simplement la vie de patients entre nos mains. » Et lorsqu’un malade va mal, cela l’affecte indéniablement.

En tant que chirurgienne, elle est aussi responsable de l’encadrement des internes : « Nous les formons et les accompagnons sur le traitement de malades ».

Ce métier implique également un investissement sans faille, parfois au détriment de sa propre vie personnelle. Elle effectue plus de 50 heures de travail par semaine, une garde un week-end sur quatre avec un service d’urgences 24h/24 : « La difficulté quand on est chirurgienne, c’est qu’il faut être toujours disponible pour ses malades. Si l’un d’entre eux revient en urgence, il faut être joignable. Même si une autre personne est d’astreinte, on connaît notre patient mieux que quiconque donc bien souvent je fais le déplacement »

Selon les spécialités, les contraintes ne sont pas les mêmes. Par exemple, en anesthésie et en réanimation, il s’agit d’interventions plus ponctuelles. Le suivi du patient est moindre. « Nous, en tant que chirurgiens, nous prenons en charge un malade en notre propre nom. » Mais, selon elle, c’est un métier tellement passionnant qu’il mérite qu’elle ne compte pas ses heures. Elle aime ce qu’elle fait et est totalement dévouée à ses patients. Très consciencieuse, tous les samedis matins, même quand elle n’est pas de garde, elle passe leur dire bonjour et s’assurer que tout se passe bien. 

Son métier de chirurgienne Digestive

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • elle aime aussi bien les consultations pour la relation humaine (prendre le temps d’écouter les patients), que le bloc opératoire pour le côté concret (soigner des pathologies)
  • l’aspect gratifiant du métier
  • une opération chirurgicale n’est jamais la même selon chaque patient, seul le geste technique reste identique.

Les aspects les plus négatifs :

  • l’investissement qu’exige ce métier : il n’est pas rare qu’elle soit appelée pour une urgence le dimanche soir ou qu’elle soit réveillée au milieu de la nuit lorsqu’elle est de garde
  • les soucis de gestion du cabinet (ex : recrutement et formation de secrétaires) même si elle a la chance d’être dans un cabinet et donc de partager ces problématiques avec ses quatre associés.

Zoom sur ses missions

Visites des patients hospitalisés

Dès qu’elle arrive le matin à la clinique, elle consulte son tableau de bord sur sa tablette tactile avec le nom de ses patients hospitalisés.

Prescription de soins

Elle reprend une par une leur situation respective : certains ont été opérés, d’autres sont en surveillance médicale. Puis elle entame sa tournée et rend systématiquement visite à chacun de ses patients avant de commencer sa journée. « Suite à cette visite, je donne les instructions aux infirmières pour déclencher les soins, les bilans à réaliser. »

Consultations

En moyenne, elle reçoit une trentaine de patients par jour de consultations.

Demande de chirurgie et suivi de patients

Il peut s’agir soit de personnes qui viennent pour la première fois parce qu’ils ont une demande de chirurgie. Soit des personnes qu’elle revoit dans les suites de la chirurgie ou parce qu’ils ont un autre problème qui s’est greffé là-dessus. Chaque patient vu en consultation nécessite ensuite un courrier pour le médecin traitant dicté devant le patient. Puis, c’est la secrétaire qui prend le relai, tape directement le compte-rendu. Dans la journée, Marie-Cécile prend un moment afin de relire chaque courrier avant envoi.

Bloc opératoire 

Généralement, elle opère entre 7 et 12 patients par jour. Le programme opératoire est prévu et ficelé à l’avance.

Réalisation d’actes chirurgicaux

« Je le vérifie chaque veille d’intervention. Je relis aussi les dossiers des patients pour être sûre qu’il n’y ait pas de problème sur le bilan pré-opératoire, que le patient a bien fait toutes les prises de sang et analyses demandées, et qu’il a bien suivi ses consultations avant l’acte chirurgical. » Rien n’est laissé au hasard.

Elle apprécie tout particulièrement l’ambiance conviviale et la cohésion qui règne au sein du bloc opératoire. Mais une fois que le malade entre en salle, la concentration est à son maximum. Elle n’a pas le droit à l’erreur. « Il faut suivre une lourde procédure, chaque étape est très codifiée. » Tout au long de l’acte chirurgical, elle donne les instructions aux différents intervenants, en coopération étroite avec l’anesthésiste.

Après chaque intervention, Marie-Cécile dicte un compte-rendu opératoire qui est directement envoyé à sa secrétaire avant qu’elle le valide de nouveau dans la journée avant envoi.

 

Son environnement professionnel

La clinique

La clinique compte près de 120 praticiens et 300 salariés. Elle partage son cabinet avec quatre confrères, tous chirurgiens digestifs.

Une formule plutôt « avantageuse »

Les atouts de partager un cabinet sont nombreux, à commencer par le partage des soucis et des charges. « Des secrétaires réalisent les démarches administratives. Nous avons aussi un comptable. Même si tout cela se paye, c’est un confort non négligeable. »

En contrepartie, il arrive parfois de devoir gérer des problèmes annexes : « Nous sommes au final également des gestionnaires de personnel même si nous n’avons pas vraiment de formation là-dessus. »

Ses relations avec ses collègues

Le fait de travailler dans un cabinet, avec d’autres spécialistes, est clairement un atout à ses yeux, à tout point de vue.

Se sentir moins seule

Tout d’abord, cela permet d’échanger sur les patients en cas de prise de décision. D’ailleurs, en dehors des nombreux échanges informels, ils se réunissent chaque mardi en réunion. « On se sent moins isolé, il y a un côté rassurant. Nous avons en plus la chance inestimable de bien s’entendre. Nous sommes même devenus amis ». Et du coup, grâce à cette organisation, Marie-Cécile peut s’absenter ou partir en vacances plus sereinement en sachant que ses patients sont entre de bonnes mains.

 Encore relativement de femmes en chirurgie

Seule femme pour trois collègues hommes, cela n’a pas toujours été facile avant d’être reconnue pour ses compétences.

Un métier très prenant

C’est la particularité de la chirurgie. Alors que les hôpitaux et cliniques sont de plus en plus mixtes, les blocs restent encore peu convoités par les femmes qui choisissent des spécialités moins prenantes.

« Au début, il faut faire sa place, montrer que l’on est compétente et que l’on a du caractère pour ne pas se faire marcher dessus. Aujourd’hui, je suis reconnue en tant que chirurgienne digestive et je n’ai aucun souci à m’imposer et à donner mon avis médical. »

Aussi dans le bloc opératoire, elle doit diriger les opérations et a sous ses ordres toute une équipe. En parallèle, elle forme aussi des internes qu’elle doit superviser lors de chaque prise en charge d’un patient. « Je n’ai pas de problème pour diriger des hommes. Cela n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est le patient, de m’assurer qu’il a les bons soins et de faire en sorte qu’il guérisse. Nous avons tous le même objectif donc en général, tout se passe bien »