Lucille, 24 ans, s’est intéressée assez jeune au domaine de l’informatique. Pour son stage d’observation en classe de 3e, elle a suivi sa mère, informaticienne, dans son entreprise. Cet univers lui a immédiatement plu. L’idée est restée et a fait son chemin. Après avoir longuement hésité avec des études en architecture, elle a finalement décidé de rejoindre l’université pour découvrir toutes les branches et secteurs qu’offre l’informatique. Lorsqu’elle a eu l’occasion de faire de la programmation et du développement pour la première fois en licence, ses premiers souhaits d’adolescente se sont confirmés. Il n’y avait plus l’ombre d’un doute à ses yeux, elle a immédiatement su qu’elle voulait se spécialiser là-dedans et poursuivre son parcours dans l’image. Même si elle ne joue pas aux jeux vidéos, elle a toujours été fascinée par l’univers graphique créé autour et est heureuse aujourd’hui d’y contribuer à sa manière. Cette dimension artistique dans son métier n’est pas le fruit du hasard et se retrouve dans ses hobbies et passe-temps favoris. Outre son intérêt pour les jeux de société et jeux de rôle, relativement proche d’ailleurs du milieu du jeu vidéo, elle est passionnée de théâtre, de musique et de photographie.

Son Conseil

« Il faut savoir être curieux et ouvert d’esprit aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle. » 

Son cursus universitaire

Elle ne regrette pas son choix de rejoindre l’Université pour l’ouverture d’esprit et la vision d’ensemble qu’elle offre sur le domaine de l’informatique.

Une vision globale de l’informatique

Même si elle s’est spécialisée en Master 2, des cours dans d’autres domaines étaient dispensés, en lien direct avec l’informatique ou plus annexes, comme la communication.

« Ce cursus confère un certain bagage technique tout en offrant une vision d’ensemble, permettant d’en découvrir tous les aspects pour choisir ensuite une spécialité. En contrepartie, la faculté nécessite un important travail personnel. Elle m’a appris à être autonome. »

A la fin de son master 2, elle a effectué un stage de six mois dans la recherche privée.

 « J’ai fait un master professionnel, je n’avais donc pas imaginé faire mon stage dans la recherche. »

La responsable de son master avait diffusé des offres de stage dont plusieurs pour Technicolor. Elle a donc postulé parce que les sujets de stage proposés l’intéressaient. « Cette recherche n’a pas été compliquée étant donné que je m’y suis prise très tôt. J’ai passé trois entretiens pour trois sujets bien distincts avant de choisir celui qui me plaisait le plus. » 

La mixité durant ses études 

Le cursus Informatique fait partie des filières les moins mixtes de l’Université, et ceci est d’autant plus vrai dans la spécialisation Image.

Moins de 10% de filles

En Master 1, dans la promotion de Lucille, elles étaient 9 filles sur plus de 90 élèves. Puis en M2, 3 filles sur une trentaine d’élèves. Soit à peine 10% des effectifs.

« J’ai toujours été entourée de beaucoup d’amis garçons donc cette ambiance assez masculine me convenait très bien. »

D’autres spécialités de l’informatique attirent davantage de filles comme en Technologies de l’information et web, ou encore en Intelligence Artificielle et décision.

Sa recherche d’un emploi

L’informatique est un secteur porteur. C’est finalement par le biais de l’université et plus particulièrement du département Informatique qu’elle a trouvé du travail

L’importance du réseau

Une fois diplômée, elle a effectué des recherches d’emploi pendant un mois et demi, sans succès. « Je commençais alors à avoir épuisé une bonne partie de mes ressources pour mener mes recherches. Mais à partir du moment où j’ai enclenché le bon processus, tout s’est enchainé très vite. »

Elle a ainsi fait passer son CV et sa lettre de motivation à la responsable du Master 2. L’après-midi même, un autre de ses professeurs, intéressé par son profil, lui envoyait une proposition d’embauche en CDD par mail.

A noter que l’informatique est un secteur qui recrute. Cette formation offre de nombreuses perspectives avec la possibilité de travailler dans différents domaines comme le web et les télécommunications, l’informatique décisionnelle, graphique, fondamentale et réseaux. 

Son évolution dans le domaine de la recherche

Ce qui lui plait avant tout dans la recherche, c’est le volet technique de son métier et le fait de travailler en équipe.

Faire preuve de ténacité

En informatique et en programmation, dès qu’il y a un bug coriace, il faut inévitablement y passer du temps pour trouver la solution. « Il faut être persévérant et dégourdi, faire les bonnes recherches, savoir prendre du recul sur ses travaux et surtout ne pas hésiter à dialoguer avec ses collègues. Bien souvent, un échange informel peut permettre de nous débloquer et de continuer d’avancer.  Toute l’équipe travaille sur la même plateforme. Je ne suis pas toute seule isolée derrière mon ordinateur sur mon projet. Les temps de réflexion en commun sont nombreux et essentiels. »

Un nouveau départ

Aujourd’hui, depuis septembre, Lucille a terminé son contrat et a pris la décision de prendre son envol en direction du Canada et de trouver un travail toujours dans l’informatique. Elle aimerait en profiter pour s’ouvrir aussi sur de nouveaux horizons au niveau professionnel. L’idéal pour elle serait de trouver un poste de développeuse graphique pour un studio d’animation ou une entreprise de post-processing dans le cinéma.

« J’ai envie de me diriger sur un poste où la dimension créative est davantage marquée.  La recherche me plait mais ce n’est pas évident de rester dans la recherche publique lorsque l’on n’a pas fait de thèse. » Reste la possibilité pour elle de se lancer dans une thèse ou de travailler dans le pôle Recherche et Développement au sein d’une entreprise. 

Son métier d’Ingénieure d’études en Informatique

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • la programmation à proprement parler
  • l’absence de monotonie
  • le mélange entre les sciences techniques et l’aspect artistique
  • les possibilités de tester, d’expérimenter de nouvelles choses dans la recherche publique
  • l’ouverture d’esprit sur d’autres domaines annexes à l’informatique graphique.

Les aspects plus négatifs :

  • le côté parfois abstrait de la recherche : moins concret qu’en entreprise.

Zoom sur ses missions

Lucille participe à la génération de contenus graphiques pour le domaine du jeu vidéo, même si ses recherches peuvent potentiellement ensuite être utilisées par n’importe quelle entreprise qui aurait besoin d’environnements naturels 3D.

La programmation

Son rôle est de rechercher et de trouver des techniques afin de générer automatiquement des éléments graphiques, comme une montagne ou une rivière.

Des solutions techniques

Après identification des besoins du projet de recherche ou pour une simple expérimentation, elle recherche des solutions techniques.

Elle œuvre à la génération de mondes 3D et crée des contenus à partir d’algorithmes. Elle travaille aussi pour des applications de jeux vidéos et de reconstruction de villes à une époque plus reculée, à titre historique ou scientifique.

« Ce que j’aime par dessus tout, encore plus que la reconstruction de décors, c’est de se dire que l’on part de rien et que l’on crée dans son intégralité quelque chose qui n’existe que virtuellement et qui va procurer du plaisir à son utilisateur. » 

Les détails graphiques des jeux vidéos

Elle génère les détails sur un terrain de jeux vidéos et fait interagir les éléments du décor.

Simplifier pour gagner du temps

Elle part d’un terrain grossier, nu, et elle va alors rechercher une méthode afin de pouvoir automatiquement intégrer des éléments de décor tels que des cailloux de façon la plus réaliste que possible. « Donc dans une plaine je vais poser moins de cailloux qu’en montagne. Mon objectif n’est pas de créer ce caillou, mais en tant que développeuse, de savoir ce que je vais en faire, où je vais le poser, comment je vais le faire interagir avec les autres éléments du jeu.

Plus spécifiquement, elle travaille sur le projet « Mango », en partenariat avec un célèbre studio français de développement de jeux vidéos : « Ils ont besoin de nos compétences en recherche car les jeux vidéos se dirigent de plus en plus vers des mondes ouverts, autrement dit des terrains de jeu (des maps) dans lesquelles le joueur peut évoluer sur un monde très grand, voire infini. Mon but est de trouver des solutions pour les aider à simplifier un peu la génération de ces mondes. »  

Les interfaces graphiques

Même si cette activité ne constitue pas son cœur de métier, elle conçoit des interfaces graphiques.

Partir de l’existant et aller plus loin

L’interface graphique c’est ce que l’utilisateur visualise à l’écran lors de la navigation. A partir de technologies existantes et des données à sa disposition comme les librairies Qt (structure de données et outil d’interface graphique) et OpenGL (outil d’affichage de contenus 3D et de programmation sur carte graphique), elle programme des méthodes en utilisant le langage C++, très utilisé dans le métier de développeu.r.se.s.

Ces outils ont pour objectif de simplifier leur tâche « Ils nous permettent de faire des tests en temps réel et de visualiser les résultats des réalisations effectuées et d’opérer d’éventuelles améliorations. » 

La recherche et le partage d’informations

En recherche, les échanges sont nombreux et indispensables pour avancer.

L’interactivité, le moteur de la recherche

Elle échange avec le reste de son équipe dès qu’elle en ressent le besoin. C’est bien souvent une technique efficace pour trouver de nouvelles solutions lorsque que l’on ne parvient plus à avancer dans nos travaux de recherche. La réflexion se fait soit par le biais de discussions soit via la plateforme de travail qui est commune à l’ensemble du service. « Il ne faut surtout pas rester isolée derrière son ordinateur. C’est contre-productif, rien de tels que les échanges entre spécialistes du même domaine. »

En parallèle, elle doit se tenir informée des nouveautés ainsi que les évolutions des technologies. Pour ce faire, elle doit se documenter, lire des articles, chercher des solutions déjà existantes que ce soit dans le privé (logiciels, applications…) ou le public (des articles et démonstrations). Pour résumer, elle identifie et analyse l’existant pour l’exploiter, l’améliorer, simplement comparer la méthode utilisée, et développer ses propres solutions.

Son environnement pprofessionnel

La structure

Le Laboratoire d’InfoRmatique en Image et Systèmes d’Information (LIRIS) est une unité de recherche liée au CNRS.

Une certaine liberté

Lucille entretient des relations de confiance avec les trois permanents de son équipe, ce qui lui donne une autonomie certaine dans son travail. « Dès que je ne sais pas trop où je vais, ils sont à l’écoute et présents pour me conseiller. Tout est discuté, rien n’est imposé. Ce fonctionnement me convient parfaitement. »

Elle est libre de proposer de nouvelles idées, de tenter des choses ce qui lui a permis de prendre confiance en elle (effets spéciaux, retouches d’images).

Ses relations professionnelles

Dans la recherche publique, la culture universitaire prédomine.

Une solidarité a toute épreuve

Le laboratoire compte 320 membres dont 120 chercheurs permanents environ. Pour le reste, il s’agit essentiellement d’autres ingénieur.e.s, des professeur.e.s d’université, des maîtres.sses de conférences et des doctorant.e.s.

Certain.e.s ingénieur.e.s sortent d’écoles. « Aucune différence n’est faite. La façon de voir les choses n’est pas toujours la même mais cette mixité est un atout. On se complète. »

Comme déjà mentionné ci-dessus, les échanges font partie du quotidien et sont incontournables dans le domaine de la recherche. « Tout le monde est écouté et considéré à sa juste valeur, qu’il s’agisse de permanent.e.s, de doctorant.e.s ou de stagiaires. Cette mentalité me plait beaucoup, c’est très valorisant pour une jeune débutante comme moi. J’ai beaucoup progressé au contact de personnes expérimentées qui ne m’ont jamais prise de haut. » 

Un univers très masculin

Ce laboratoire, qui comprend six pôles de compétences est relativement mixte et pas représentatif de la réalité du monde du travail dans l’image.

Une réalité flagrante en informatique graphique

Même si ce laboratoire fait figure d’exception avec une proportion de femmes relativement élevée (très variables selon les départements), le milieu de l’informatique est connu pour faire partie des secteurs les moins féminins et ceci se vérifie dans son service GEOMOD (géométrie et modélisation) spécialisé dans le domaine de l’image. « Je suis entourée presque exclusivement d’hommes. » Dans ce pôle, trois femmes permanentes y travaillent. Cependant, Lucille travaille qu’avec une partie de cette équipe au sein de laquelle elle est la seule femme entourée de cinq hommes : trois permanents et deux thésards.

La chance lui a été donnée comme aux autres de faire ses preuves, prouver sa motivation et démontrer ses compétences. A son agréable surprise, aucun machisme n’est à déplorer dans son environnement professionnel direct.

« Travailler avec des hommes ne me pose aucun problème, bien au contraire. Je me suis toujours bien entendue avec les hommes même si j’aime tout autant discuter me retrouver entre collègues femmes pour discuter. »