Maëlle, 27 ans, n’était pas une petite fille tout à fait comme les autres : elle rêvait de travailler au sommet d’une grue. Elle savait déjà qu’elle se dirigerait vers un métier technique. Au fur et à mesure de ses expériences, elle s’est orientée vers le domaine du bâtiment, attirée par ces métiers et l’ambiance qui règne sur les chantiers. Mais elle a aussi d’autres intérêts. Parmi ses hobbies favoris, elle créée des bijoux et des vêtements grâce à son talent pour la couture. Son esprit créatif et sa force de caractère sont de vrais atouts sur le terrain. Elle aime le contact avec les différents corps de métiers sur les chantiers et s’épanouit dans cet univers très masculin.

Son Conseil

« Pendant les études, il ne faut pas se décourager, on se rend compte de l’importance des acquis théoriques une fois que l’on met un pied dans le monde du travail. » 

Son cursus universitaire

En lycée professionnel, major de promotion, elle s’est fait remarquer et a pu rejoindre un cursus universitaire.

Une attirance pour les filières techniques

Elle a suivi la filière professionnelle assez tôt non par dépit mais parce qu’elle ne se voyait pas faire autre chose. Son bac électrotechnique obtenu haut la main, elle a été repérée assez vite et a pu même choisir le DUT qu’elle souhaitait intégrer, toujours dans le domaine de l’électricité. « C’était une formation très riche et concrète, qui nous donne une vision de la diversité des métiers du secteur, avec des intervenants professionnels et beaucoup de matériel à notre disposition. On apprend aussi à travailler en équipe dans le cadre des travaux pratiques. » 

La mixité durant ses études

L’électricité fait partie des branches les moins mixtes. C’est pourtant cette voie que Maëlle a choisie, parmi toutes les possibilités de filières.

Moins de 8% de filles

En DUT Génie Electrique et Informatique Industrielle, les filles représentent 8% des effectifs en 1ère année puis un peu plus de 6 % en 2e année.

En Licence professionnelle Chargé d’Affaires en Ingénierie Electrique, la tendance reste la même. Les filles représentent 8% des effectifs.

Elle avait fait ses études dans un lycée professionnel : « J’avais déjà l’habitude d’évoluer dans une ambiance masculine mais cela me convient bien. J’ai beaucoup d‘amis garçons, mon fort caractère est généralement plus compatible avec leur tempérament. Mes relations avec les filles sont souvent plus conflictuelles. » 

Des études à un emploi

Les expériences accumulées pendant ses études lui ont ouvert des portes et étoffé son CV.

Des opportunités professionnelles
Pour son stage de fin d’études de DUT, elle a rejoint la SNCF qui lui avait été conseillée par une amie et elle a découvert qu’ils disposaient d’un service bâtiment pour leurs gares.

Elle a ensuite poursuivi en licence professionnelle Electricité et Electronique, en alternance toujours à la SNCF et a travaillé principalement sur des projets de gares : « C’est un bon compromis pour avoir une formation complète tout en mettant un pied dans le monde du travail. C’est un bon argument auprès des recruteurs qui recherchent de bons techniciens. »

A l’issue de sa licence, la SNCF lui a proposé un contrat pour l’une de ses filiales privées. Mais elle a refusé : « J’avais déjà travaillé sur différents projets, j’ai beaucoup appris mais je ne voyais pas d’autres évolutions possibles. Les projets les plus intéressants techniquement sont réalisés essentiellement par le siège à Paris. »

Les cabinets de recrutement, une bonne alternative

Son diplôme en poche, elle a trouvé très rapidement du travail par le biais d’un cabinet de recrutement qui proposait des missions en intérim. Elle s’est donc inscrite et a obtenu très rapidement un temps d’échange avec un recruteur. A l’issue de cette rencontre, elle lui a fait parvenir son CV il lui a garanti de la recontacter d’ici très peu de temps. En effet, deux jours plus tard, elle rencontrait son recruteur actuel. « Le feeling est immédiatement très bien passé. J’ai donc annulé mes rendez-vous dans les autres agences de recrutement. »

Puis après une courte période d’intérimaire, elle a été embauchée au poste de projeteuse électricité. 

Un métier de terrain

Elle a des responsabilités de suivi des chantiers, ce qui implique de nombreux déplacements sur le terrain.

Être mobile

Elle est amenée à se déplacer régulièrement sur des chantiers ou même à être détachées pour plusieurs semaines dans une autre agence.

Les chantiers se situent essentiellement dans la région, à Nancy et à Clermont. « Lors des baisses d’activité, elle a déjà été détachée sur Paris, Aix en Provence, Toulouse pendant une durée variant de un à trois mois : « J’ai aussi passé un an sur le gros chantier de l’hôpital de Bayonne. »

Cette mobilité professionnelle ne la dérange pas : « Je la perçois comme une chance de rencontrer d’autres professionnel.le.s, de voir des choses différentes, d’autres façons de travailler et d’évoluer sur une grande variété de projets. J’aime être sur le terrain avec tous les corps de métiers. C’est toujours enrichissant. »

D’ici quelques années, elle souhaiterait gagner encore en responsabilités et obtenir un poste d’assistante chef de projet ou de chargée d’affaires : « L’idée de pouvoir gérer un projet dans sa globalité me plait beaucoup : l’organisation, la répartition des tâches, l’élaboration des plannings tout en conservant l’aspect technique… Cela me conviendrait parfaitement. » 

Son métier de projeteuse électricité

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • le travail de conception, particulièrement sur les chantiers neufs : la sensation de participer à la création
  • Son intérêt pour la technique de façon générale
  • réaliser quelque chose de concret : plutôt gratifiant
  • la vue d’ensemble des opérations sur les chantier : elle n’est alors plus concentrée uniquement sur la partie de son activité – les interactions avec les entreprises et les différents acteurs des chantiers (ouvriers, ingénieurs,…).

Les aspects plus négatifs :

  • la difficulté parfois de travailler en équipe et de conjuguer les caractères de chacun
  • les déplacements parfois trop longs et fréquents.

Zoom sur ses missions

 La réalisation d’études 

Son rôle est de faire des préconisations à ses clients en matière d’équipements électriques pour des bâtiments neufs ou des remises aux normes.

L’élaboration du cahier des charges

Elle va donc, dans un premier temps, prendre connaissance des attentes du client pour mieux déterminer son besoin. A partir de cela, elle va réaliser des calculs du dimensionnement des armoires électriques, évaluer la puissance de l’éclairage, déterminer le système d’alimentations afin de formuler les réponses les mieux adaptées. Elle travaille donc en lien avec l’architecte du projet qui réalise les plans. A elle ensuite d’intervenir sur la partie électricité à partir de ces plans, sans oublier de prendre en compte les contraintes, principalement budgétaires qui induisent par exemple le choix des matériaux utilisés. Une fois ces calculs réalisés, elle rédige son cahier des charges, estime le coût de l’installation électrique du bâtiment avant de présenter le chiffrage au client qui doit rentrer dans son budget. 

Le choix des entreprises 

Une fois les propositions validées par le client, c’est elle qui lance un appel d’offre récapitulant le cahier des charges retenu.

La mise en concurrence

Elle compare ensuite les devis des entreprises puis sélectionne les intervenants prestataires en comparant les prix proposés par rapport à ceux qu’elle a fixés préalablement en tenant compte du budget à la disposition du client : « C’est le nerf de la guerre. » 

Le suivi des travaux

Elle participe régulièrement à des réunions de chantier pour s’assurer que les entreprises prestataires réalisent bien les travaux en conformité avec le cahier des charges, les normes en vigueur et les attentes du client.

Les visites de chantiers

Son rôle de supervision consiste à guider et coordonner l’intervention des entreprises et leur répondre en cas de difficultés ou de disfonctionnement. Enfin, elle gère le suivi financier de ces interventions : « Avec la crise, les clients tirent sur les prix et on se retrouve avec des écarts de plus de plus importants, ce qui complexifie notre travail. »

La Réception 

Les derniers jours avant livraison, elle réalise une ultime visite de chantier.

Le respect des délais

Elle vérifie que les travaux ont été bien réalisés et que les délais seront tenus : « Je fais la chasse aux entreprises qui sont en retard sur le planning. Des délais non respectés impliquent irrémédiablement des coûts supplémentaires. Les enjeux financiers sont donc importants. »

Son environnement professionnel

La structure

Elle travaille pour un groupe spécialisé dans le bâtiment et l’aménagement urbain. 

Une polyvalence des missions

A la base, elle exerçait pour une petite entreprise qui a été rachetée par un groupe européen avant d’être acheté à son tour par un autre groupe, implanté à travers le monde.

« Pour ma part, mes missions restent les mêmes. J’ai simplement changé d’adresse mail. Il y a quand même quelques points positifs. Lorsqu’il y a une baisse d’activité dans un secteur, la charge de travail est répartie entre les différents sites nationaux, garantissant une certaine stabilité des emplois. » En contrepartie, l’entreprise reverse 12% de ses bénéfices au groupe et Maëlle est amenée à travailler sur d’autres sites en France.

« Je suis en demande permanente de polyvalence. Quand je suis rentrée dans l’entreprise, je ne faisais que les plans électricité. Aujourd’hui, je fais des missions de synthèse, du suivi de projet et je suis détachée sur les chantiers. Des possibilités existent à condition de se donner les moyens. »

Ses relations professionnelles

Maëlle est relativement autonome et gère certains chantiers directement sur le terrain, en contact avec les autres intervenants.

Une certaine autonomie

Elle travaille sur tous les projets techniques en binôme avec l’ingénieur électricité qui la laisse relativement autonome. Pour tout ce qui est administratif et vie quotidienne du travail, son responsable hiérarchique direct est le manager du bâtiment puis encore au-dessus, le directeur d’agence.

Elle est très fréquemment sur le terrain pour assurer le suivi des chantiers. « Je suis donc en interaction aussi bien avec des ingénieurs, d’autres projeteurs, des chefs de projet ou encore des économistes de la construction. »

Elle gère également l’intervention des prestataires en matière d’électricité. « Chaque chantier est différent, unique et riche en nouvelles rencontres. » 

Un univers très masculin

Alors que le secteur est réputé pour être assez masculin, l’entreprise de Maëlle fait un peu figure d’exception dans le domaine.

Les mentalités évoluent

Dans son entreprise, la proportion entre les hommes et les femmes est globalement équilibrée. La répartition varie toutefois selon les domaines concernés. Du côté des études de projet, les femmes sont relativement nombreuses alors que sur les chantiers, elles sont très peu présentes : « Sur le chantier de l’hôpital de Bayonne, toutes entreprises et métiers confondus, nous étions deux femmes pour 70 hommes. »

Ainsi, dans son travail au quotidien, elle est en contact essentiellement avec des hommes. « La plupart ne font pas la différence. C’est souvent plus difficile de gagner la confiance des hommes de l’ancienne génération. Mais les mentalités ont depuis évolué dans la société de façon générale et sur les chantiers aussi. Mais pour travailler dans ce métier en tant que femmes, il faut s’affirmer et faire preuve de force de caractère. » Pour cela, il faut être performante dans son domaine, rigoureuse, sûre de soi et de ses compétences.