Élodie, 23 ans, après avoir débuté comme tourneuse sur commandes numériques dans les ateliers, a rejoint depuis quelques mois le bureau méthodes de sa nouvelle entreprise, en tant que technicienne. Elle consacre une grande partie de son temps-libre à sa passion. Encore adolescente, elle avait rejoint les jeunes sapeurs-pompiers. Dévouée aux autres, elle s’épanouit dans cette activité. Cependant, elle n’a pas souhaité en faire son métier, le concours pour devenir professionnelle étant difficile et la hiérarchie parfois un peu stricte à son goût. Aujourd’hui, en parallèle de son métier, elle continue d’assurer des astreintes comme pompier volontaire au sein des casernes, à proximité de son domicile. Ce qui lui plait avant tout, c’est le contact humain, une dimension qu’elle a retrouvé dans son travail actuel.

Son Conseil

« Commencer derrière une machine, dans les ateliers, voir les techniques d’usinage, de fabrication et connaître les outils sont des atouts. »

Son cursus universitaire

Un parcours bien réfléchi

Elle a fait le choix de suivre sa licence en alternance, dans une entreprise de fabrication de moules.

L’alternance, un 1er pied dans le monde du travail

Durant son cursus, elle a eu l’occasion d’accumuler des connaissances en matière de mécanique, de plasturgie ou encore de conception de pièces.

« Le choix de l’alternance permet de se constituer un bagage avant d’entrer dans la vie active. C’est aussi un véritable atout lorsque l’on souhaite exercer un métier technique. Lorsque l’on sort des études, on sait de quoi on parle. J’ai pu voir la fabrication d’un moule de sa conception jusqu’à sa fabrication finale, manipuler des machines. Et on connaît déjà le monde du travail. »

De plus, l’alternance permet de se constituer un réseau dans son secteur d’activité et peut offrir quelques opportunités professionnelles, à condition de bien choisir en amont et de se renseigner autour des possibilités existantes.

La mixité durant ses études

De façon générale, dans les filières techniques, les filles sont souvent beaucoup moins bien représentées.

Moins de 20% de filles

En licence, elles étaient deux filles pour quinze étudiant.e.s.

Habituée dès le plus jeune âge à évoluer dans des milieux masculins, notamment celui des sapeurs-pompiers, elle n’a jamais eu de difficultés à s’intégrer durant son cursus dans l’enseignement supérieur.

« Lors de mes stages et de mon alternance en entreprise, je travaillais au sein des ateliers où la mixité est quasi inexistante. Nous étions que deux femmes. En rejoignant une filière technique, j’avais pleinement conscience de cette réalité et au contraire, cela a été un vrai plus à mes yeux. J’ai toujours aimé travailler avec des hommes, les relations sont simples et directes, pas la peine de passer par quatre chemins pour se dire les choses. »  

 

Commencer dans les ateliers, un atout

Elle avait déjà fait son stage de six semaines en BTS dans la fabrication de moules.

Connaissance du secteur d’activité

Ses multiples expériences dans ce secteur bien précis ont été un précieux atout lors de sa recherche d’emploi. Pour un employeur, c’est toujours intéressant de pouvoir embaucher une personne qui connaît déjà bien le domaine d’activité.

Pour elle, le fait d’avoir commencé à exercer dans les ateliers a été décisif dans son parcours : « Même si cela peut être assez vite monotone, travailler un temps en atelier permet de voir les différentes manières d’usiner et de fabriquer des outils et des moules. Cette étape est pour moi incontournable lorsque l’on fait le choix d’un métier technique. Une fois que l’on quitte les ateliers pour rejoindre un service en amont de la production, on sait de quoi on parle, on est beaucoup plus crédible. »  

Des opportunités professionnelles

A l’issue de son alternance, elle a poursuivi dans la même entreprise, toujours en tant que tourneuse sur commande numérique.

L’intérim, une bonne alternative

« J’ai eu la chance de pouvoir travailler directement après mon diplôme, sans aucune période de latence. » Elle a enchainé deux CDD de six mois avant que son contrat ne soit finalement pas renouvelé, par manque d’activité.

De toute façon, Élodie avait envie depuis déjà quelques mois de quitter les ateliers pour rejoindre un poste un peu plus stratégique.

Afin de trouver de nouveau du travail, elle s’est inscrite en agence intérim et a été contactée assez rapidement pour un entretien dans son entreprise actuelle. Après trois mois en tant qu’intérimaire, elle a été embauchée en CDI : « C’était un peu une sorte de période d’essai. Le travail m’a immédiatement plu et ils étaient contents de moi. Tout s’est enchainé naturellement. »  

 

Son projet professionnel

Aujourd’hui, elle souhaite continuer d’accumuler de l’expérience dans ce même domaine très spécifique de fabrication d’outillage, afin de pouvoir prétendre ensuite à un poste de chef de projets. En effet, elle aimerait avoir des responsabilités techniques et de management, et davantage de polyvalence dans ses missions.

En attendant, elle s’investit beaucoup, perfectionne sa connaissance technique des outils standards et s’emploie autant que possible à être force de propositions et à trouver des solutions parfois différentes que celles soumises par les techniciens d’application. Son but étant de se faire remarquer positivement, de par ses initiatives et sa motivation.

Sinon, elle aura aussi la possibilité d’aller travailler dans un bureau d’études et d’intervenir dans la conception d’outils à partir de logiciels 3D. Cette perspective l’intéresserait beaucoup.  [/su_spoiler]

Son métier de technicienne de méthodes

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier : la plus grande polyvalence par rapport à son poste précédent – le fait de pouvoir visualiser l’ensemble des étapes à réaliser en amont de la fabrication d’un outil (évaluation du besoin du client, conception de la demande, élaboration de gammes, lancement, etc.) – la dimension technique dans son travail : intéressant et concret.

Les aspects plus négatifs : la difficulté parfois de traiter des dossiers pas toujours complets : devoir aller à la pêche aux informations.

Zoom sur ses missions

Service méthodes

Elle est en charge de réaliser des devis pour les clients.

Chiffrage des outils

La demande du client est préalablement systématiquement envoyée au service Études. Un technicien d’application se charge de réaliser les schémas de conception. A partir de cela, elle étudie la proposition et réalise un chiffrage des outils, en fonction des contraintes budgétaires du client. Ensuite, tout au long de la production, elle doit veiller à ce que les coûts estimés soient respectés.  

 

Conception de gammes de fabrication

C’est elle qui va déterminer ces différentes étapes avant que le produit soit envoyé pour fabrication.

Élaboration des procédés de fabrication

A partir de logiciels informatiques sophistiqués et donc particulièrement techniques, contenant de multiples formules assez poussées, elle saisit les différents paramètres des outils à concevoir pour le client afin de créer une nouvelle gamme. Elle est en charge ensuite d’élaborer le procédé de fabrication et déterminer sur quelles machines chaque outil doit passer, pour quelles étapes de fabrication et pour combien de temps. Une fois celui-ci validé, elle lance les ordres de fabrication.

Par exemple, à partir d’un petit bout de carbure, elle va déterminer sur quelles différentes machines il va successivement passer pour fabriquer l’hélice, les extrémités ou encore la partie coupante, et aboutir à l’élaboration d’un foret répondant aux critères et aux exigences du client.  

Référencement des articles

Une fois le nouvel outil parti en production, elle doit procéder à son référencement

Intégration dans la base de données

Pour chaque produit, elle récapitule ses caractéristiques, ses spécificités, ses conditions d’approvisionnement… En effet, pour référencer un produit, « je dois indiquer le type de produit, par exemple s’il s’agit d’un alésoir, d’une fraise ou d’un foret, les dimensions de cet outil, autrement dit sa longueur utile, sa longueur totale, le ou les diamètres. Puis je précise le type de revêtement si il y en a un. » Ensuite, dans un second temps, elle crée un numéro d’article dans le système, lui donne une désignation, insère les composants dont il y aura besoin pour fabriquer/monter l’outil et rentre enfin le prix de cet article.

En quelques clics, les différentes personnes de l’entreprise doivent pouvoir avoir tous les renseignements sur un article qui a été conçu et fabriqué au sein de l’entreprise. C’est en quelque sorte un outil de traçabilité.  

Son environnement professionnel

La structure

Son employeur actuel est un groupe international basé à Lavancia.

Décloisonnement des missions

Ce groupe est spécialisé dans la fabrication d’outils coupants très complexes : entre autres, des forets, des fraises, des alésoirs destinés essentiellement à l‘aéronautique et l’automobile.

120 personnes travaillent sur le site de Lavancia. « Le fait de travailler pour un groupe permet de voir beaucoup plus de choses que dans la petite entreprise où elle était embauchée auparavant, même si cette première expérience professionnelle s’était avérée très formatrice. Elle évolue désormais dans des domaines variés de la mécanique : « Dans son service, personne n’est cantonné à une seule tâche, isolé dans son coin. L’organisation favorise la polyvalence et les échanges entre collègues ce que j’apprécie beaucoup. »  


Son environnement professionnel

Par sa fonction, elle est en contact avec différents corps de métiers de l’entreprise.

Un poste interactif

Son supérieur hiérarchique direct, le responsable du service Méthodes, lui confie des dossiers puis lui laisse une certaine autonomie pour les traiter même s’il supervise bien entendu son travail.

Elle n’est pas en relation directe avec les clients. En revanche, les échanges en interne sont nombreux avec les collègues de son service, mais aussi avec les différents agents de maitrise en atelier. Enfin, elle est en relation étroite avec les techniciens d’application pour trouver ensemble les meilleures solutions pour la fabrication des outils.

« J’aime cette dimension relationnelle qui était beaucoup moins présente lorsque j’exerçais au sein des ateliers. »  

 

Un milieu très masculin

Selon les services, les femmes sont plus ou moins bien représentées.

Plus de femmes en clientèle

Au service client, elles sont relativement nombreuses tandis qu’elles sont quasiment absentes des ateliers.

Dans son service, elles sont deux femmes pour huit personnes. « J’aime bien le fait d’exercer un métier technique entourée de beaucoup d’hommes. En tant que pompier volontaire, je suis habituée et cette ambiance masculine me convient bien. Mais je suis quand même contente d’avoir une collègue pour échanger aussi entre femmes de temps en temps. C’est toujours agréable. »

Dans son travail précédent, elle était la seule femme avec la secrétaire pour 22 salariés.

Selon elle, il n’y a pas de problème pour s’intégrer dans un milieu d’hommes à condition d’avoir un caractère bien trempé et du répondant. « En mécanique, la mentalité reste un peu machiste mais les femmes sont très bien acceptées si elles font leurs preuves elles aussi. J’ai montré ce que je valais, aujourd’hui tout se passe très bien. »