Coralie, 26 ans, n’est pas du genre à se laisser abattre au premier obstacle survenu. Sa persévérance est une vraie force, un trait de caractère qu’elle a développé au travers du sport. Passionnée d’escrime, elle a pratiqué durant de longues années l’épée à haut niveau, classée au niveau national et même international. Elle avait donc tout naturellement choisi de rejoindre des études en STAPS mais s’est vite rendu compte que ce cursus universitaire ne lui convenait pas. Elle a arrêté en deuxième année pour préparer le concours d’entrée pour devenir monitrice–éducatrice et travailler dans le milieu du handicap. Elle l’a obtenu mais elle n’est pas parvenue à trouver une entreprise qui accepte de la prendre en contrat de professionnalisation et intégrer ensuite une école. Elle a alors pris une année de réflexion durant laquelle elle en a profité pour passer quelques diplômes, notamment le brevet d’Etat d’éducateur sportif, et surtout se renseigner sur les d’autres possibilités. Elle a en particulier rencontré une conseillère d’orientation qui lui a donné des pistes concrètes en adéquation avec sa personnalité et ses envies. C’est donc à l’issue de cette année qu’elle a décidé de prendre un virage à 180 ° et de se diriger vers le milieu de l’informatique. En plus d’être un secteur porteur avec des débouchés, ce qui lui plait avant tout, c’est l’ambiance qui y règne et la notion d’échanges et de partage.

Son Conseil

« Se former à un langage de programmation spécifique permet de se démarquer. » 

Son cursus universitaire

La difficulté de trouver sa voie

Dès lors qu’elle a fait ses premiers pas dans le domaine de l’informatique, elle a su qu’elle voulait continuer dans cette voie.

L’informatique, le déclic immédiat

Durant ses études, elle a acquis les compétences techniques de base en informatique, le langage spécifique à ce domaine, sa logique, ses codes. Grâce à sa licence professionnelle, elle a progressé très vite à travers des mises en situation réelle. L’alternance est à ses yeux un véritable atout lors de la recherche d’emploi : « J’ai hésité à rejoindre une licence classique puis poursuivre en master. Mais je ne voulais pas repartir pour des années d’études, je voulais me former de façon concrète à un métier. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix. »

Elle aura la possibilité, au bout de quelques années d’expérience supplémentaires, de faire une Validation des Acquis d’Expérience (VAE). Des alternatives existent aujourd’hui pour valider plus tard un niveau de diplôme supérieur.Les stages en entreprise puis l’alternance ont été l’opportunité pour elle de voir si ce milieu lui plaisait réellement pour envisager une carrière là-dedans. Elle a aussi découvert le métier de développeuse dont elle avait du mal à se faire une idée concrète.

Aujourd’hui, avec le recul, elle ne considère plus ses différentes réorientations comme des échecs. « Quand un milieu semble nous plaire, il faut tenter pour être sûre que cette voie nous convient ou au contraire, s’apercevoir que l’on n’est pas fait pour ce milieu. Pour moi, toutes ces expériences ont été bénéfiques et m’ont finalement permise de trouver un métier dans lequel je m’épanouis au quotidien. C’est une fois dans le monde du travail que l’on s’aperçoit de l’importance des études. » 

La mixité durant ses études

Dès ses études, elle a été préparée à intégrer un univers très masculin.

Moins de 10% de filles

Le milieu de l’informatique est réputé pour être l’un des moins mixtes, où les femmes sont encore en très nette minorité. En licence professionnelle, elles étaient six filles pour une soixantaine d’étudiant.e.s. En moyenne, dans cette filière, elles représentent à peine un peu plus de 8% des effectifs.

« Je l’ai très bien vécu et je n’ai pas eu trop de mal à m’adapter. J’ai eu, je pense, l’avantage d’être plus âgée lorsque j’ai intégré cette licence et donc plus mature que la plupart des autres étudiant.e.s, avec un réel recul sur les études supérieures. Je me suis beaucoup investie ayant conscience de l’importance d’avoir un solide bagage théorique pour rejoindre le monde du travail. » 

L’alternance, un atout clé

Son année en alternance lui a offert des opportunités pour la suite de son parcours professionnel.

La maitrise d’un langage de programmation spécifique

Elle a réalisé son alternance, deux semaines par mois, dans une entreprise où elle avait déjà effectué un premier stage de deux mois en 2e année de DUT.

C’est dans cette société, lorsqu’elle est arrivée pour son premier stage, qu’elle a appris à programmer en langage Java 2EE alors qu’elle n’y connaissait pas grand chose. « J’ai eu la chance de tomber sur une très bonne entreprise avec un tuteur investi qui avait pour objectif de me former. Au fil du temps, j’ai donc développé une véritable expertise dans cette technique de codage maîtrisée par très peu d’autres étudiants de ma promotion. Cette compétence est très recherchée sur le marché de l’emploi. Un sérieux avantage pour se démarquer par la suite. »

Sa licence en poche, elle a recherché du travail pendant deux mois. Elle s’est inscrite sur différents réseaux sociaux professionnels. Dès le premier jour, son profil à peine publié, elle a reçu une dizaine d’appels de la part de recruteurs qui recherchaient un profil bien particulier. Il faut dire que c’est un secteur porteur, d’autant plus lorsque la personne maîtrise une technologie spécifique, rare et convoitée : « C’est chez Viveris que j’ai passé mon premier entretien. Intéressés par mes compétences, j’ai rapidement obtenu une proposition d’embauche puis j’ai commencé sur mon poste quelques jours après.  Tout s’est enchainé très vite dès lors que j’ai enclenché le bon processus. » 

Le milieu de l’informatique

Son objectif est d’obtenir la satisfaction de ses clients. Elle doit donc être consciencieuse. 

Faire preuve de rigueur

Même si du fait de son poste, elle n’est pas la responsable directe de la satisfaction du client, elle a toutefois des responsabilités techniques qui sont indéniables. Surtout lorsqu’il s’agit de projets menés avec de grands groupes qui impliquent une sécurité très importante au niveau du logiciel : « La pression est grande. Le code doit être en béton. Elle travaille en lien étroit avec son chef de projet et son équipe pour éviter toute erreur. » 

Faire preuve de persévérance

Pour le moment, elle s’amuse dans son travail et se rend dans son entreprise chaque matin avec plaisir. Elle aime beaucoup coder, développer, chercher, voir comment fonctionnent les différents éléments et espère continuer de progresser afin de devenir de plus en plus performante.

Il est normal de faire face à des difficultés, même des expert.e.s confirmé.e.s peuvent se retrouver bloqué.e.s. Pour se sortir de nombreuses situations, « il faut surtout savoir poser les bonnes questions et avoir un bon niveau d’anglais technique pour réaliser des recherches pertinentes en anglais sur Google. » Aussi, toute la documentation ou les rapports des projets, se font en anglais.

« Il y a un vrai décalage entre ce que j’étais capable de faire lorsque je suis arrivée et ce que je sais faire aujourd’hui. La persévérance est essentielle. » 

Des opportunités de carrière

A terme, elle pourra prétendre à un poste de chef de projets. Même si les ESN (Entreprises de Services du Numérique) constituent 90% du le marché, elle pourra aussi travailler dans un autre type de structure, une entreprise plus classique, où elle ne sera pas détachée dans le lieu de travail de clients, même si pour le moment, elle n’a jamais été amenée à se déplacer à travers la région pour intervenir chez les clients. Mais avec l’expérience acquise, elle ne devrait pas tarder à être envoyée sur un autre site. 

Son métier de développeuse web J2EE

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • la satisfaction lorsque le résultat s’affiche à l’écran : le côté concret
  • le fait d’apprendre au quotidien et de s’améliorer sans cesse : Absence de monotonie
  • Les perspectives nombreuses dans le domaine de l’informatique : un milieu tellement vaste avec une grande diversité de possibilités
  • Un secteur en continuelle évolution : se tenir à jour, réussir à proposer par soi-même des solutions
  • le partage de connaissances constant avec ses collègues.

Les aspects plus négatifs :

  • la difficulté de prendre du recul avec certains problèmes techniques : il faut réussir à faire la coupure une fois chez soi
  • relativement fatiguant de passer des journées entières devant un ordinateur
  • pas toujours facile aussi de s’imposer dans un milieu masculin.

 Zoom sur ses missions

Analyse

Dans un premier temps, Coralie prend connaissance du cahier des charges afin de mieux cerner la demande du client, ses besoins et ses attentes.

Prise de connaissance de la demande du client

A partir de cela, elle définit quels ‘frameworks’ elle va utiliser afin de parvenir au résultat souhaité. Ces frameworks servent à créer les fondations et les grandes lignes de l’application autrement dit, ils correspondent à l’architecture, le squelette de l’application. C’est ce qui va conditionner ensuite le codage à partir d’un ensemble de logiciels et de librairies choisis : « Il faut être capable, à chaque fois, de s’adapter à la logique de chaque framework. » 

Conception

La conception est la partie la plus technique. Coralie doit alors proposer des solutions techniques en accord avec les besoins du client.

Améliorer des applications existantes

Son rôle consiste à faire évoluer des applications existantes, à améliorer leurs performances, notamment en codant de nouvelles fonctionnalités, et à corriger les éventuels bugs. « C’est la partie la plus intéressante à mon sens. C’est la création concrète du produit. » En travaillant sur le ‘back office’, en ajoutant de nouvelles fonctionnalités ou en changeant par exemple la couleur d’un encadré, elle impacte aussi le ‘front office’ c’est-à-dire que l’interface qui apparaitra à l’écran, évoluera en fonction des améliorations qu’elle a apportées.

Ensuite, elle est chargée de s’assurer du bon fonctionnement de l’application et de l’administration afin de définir les droits d’accès aux différentes informations à chacun. 

Phase de tests

Une fois toutes les fonctionnalités créées, une longue phase de tests s’engage.

Réalisation de deux types de tests

Elle ne peut pas se permettre de livrer à un client une application avec des bugs. Tout doit être parfaitement fluide.

A commencer par les tests unitaires dans un premier temps, réalisés en amont à l’aide de technologies pointues. Elle vérifie alors le bon fonctionnement de chaque module du logiciel. Puis vient le suivi de la procédure (appelé aussi le workflow) pour s’assurer qu’il n’y a aucun dysfonctionnement.

Cette phase terminée, elle procède ensuite à la mise en recette de l’application. C’est à ce moment-là, dernière étape avant la livraison du produit fini, qu’elle va vérifier si l’application est en adéquation et en conformité avec le cahier des charges fourni. C’est quand même l’objectif numéro un : satisfaire la demande et les attentes du client. Elle va une nouvelle fois s’assurer que toutes les fonctionnalités marchent mais du point de vue de l’utilisateur cette fois-ci. Elle va réaliser toutes sortes de tests manuels à partir de l’application pour voir si concrètement, en dehors du codage, tout fonctionne correctement. 

Livraison au client et mise en production

C’est la phase ultime mais aussi la plus stressante. C’est le moment de vérité avec la livraison au client et la mise en recette de l’application.

Effectuer les derniers ajustements nécessaires
La mise en recette validée, elle va alors mettre en place la nouvelle application chez le client qui n’a pas forcément le même matériel à sa disposition. Elle doit donc vérifier que tout fonctionne en transférant l’application sur une plateforme de tests reproduisant les conditions réelles d’exploitation de l’application du client. Et sinon, en cas de bugs, elle se doit d’opérer les ajustements et corrections nécessaires. 

Son environnement professionnel

La structure

Coralie travaille chez Viveris, une Entreprise de Service du Numérique (ESN, anciennement SS2I). 80% des développeurs et des développeuses web évoluent dans ce type de structure.

Les spécificités d’une ESN

Son entreprise compte 800 salariés et proposent des services dans le secteur du conseil en systèmes et logiciels informatiques et de l’ingénierie.

Les ESN ont un fonctionnement particulier. Elles réalisent des prestations pour des entreprises.

Il peut arriver qu’un salarié, qui correspond au profil recherché par le client, soit détaché, pour une durée variable (quelques jours par semaines ou plusieurs mois par exemple), directement dans une entreprise. « Nous sommes donc contraints d’être rapidement autonomes et d’essayer de nous débrouiller dans toutes les situations. Pour cela, il faut savoir piocher les informations au bon endroit, très souvent sur Google, ‘la bible des développeurs’. Si on lance les bonnes recherches, avec persévérance, on finit toujours par trouver nos réponses. »

Si elle est bloquée face à une difficulté, elle peut se référer au chef de projet. 

Ses perspectives

Aujourd’hui, elle souhaite continuer dans cette même société pour continuer de se perfectionner et développer une vraie expertise dans son domaine de compétences. Si un jour elle en a l’envie, elle pourra prendre la décision de se diversifier dans d’autres technologies et de se spécialiser dans un autre domaine.

Ses relations professionnelles

Les échanges dans son travail sont fréquents et bien souvent très riches. Le partage et l’entraide rythment son quotidien.

Un métier interactif

A l’inverse de ce que l’on pourrait croire, le métier de développeuse web n’est pas un métier solitaire où chacun code devant son ordinateur, enfermé dans sa bulle. Lorsqu’un point de blocage se présente, pour avancer, lorsqu’elle ne parvient pas à trouver les bonnes solutions malgré ses recherches, les échanges formel avec son chef de projet ou plus informels avec ses collègues sont bien souvent très constructifs.

Dans son entourage professionnel, les salarié.e.s ont fait soit des écoles d’ingénieurs, soit l’Université. « Les compétences et visions des uns et des autres ne sont pas forcément identiques mais les profils se complètent bien. Ce mélange est très riche. Le recrutement se fait vraiment sur le niveau de compétences réel plutôt que sur le diplôme en poche. » 

Un univers très masculin

Au début, l’intégration n’a pas été facile. Aujourd’hui, elle est parfaitement acceptée par le reste de l’équipe.

Trouver sa place

Il est difficile de trouver moins mixte que le milieu de l’informatique, qui peut même parfois paraître très fermé. Le milieu de la programmation et du développement n’échappe pas à la règle. Dans son entreprise, mis à part une collègue femme, tous les autres sont des hommes. Au final, elles sont deux femmes pour 150 personnes.

Lors de l’embauche, être une femme peut aider un peu car les recruteurs n’ont pas l’habitude d’en recevoir souvent et ils aiment bien apporter de la mixité dans leur équipe : « Ce n’est pas une question de quota mais simplement pour avoir un œil et une sensibilité un peu différents. » Mais une fois l’entreprise intégrée, la tâche n’est pas simple, il faut s’imposer dans un univers très masculin, voire parfois machiste.

« Lors de mon arrivée, mes collègues et même certains de mes supérieurs ne me faisaient pas vraiment confiance et doutaient de mes compétences. Il a vraiment fallu que je me fasse ma place et montre que je pouvais apporter des choses, notamment de solides compétences en matière de développement web, une expertise en langage J2EE ainsi qu’une vision un peu différente.  Avoir une femme dans une équipe d’hommes peut s’avérer, je pense, plus structurant. »