A 29 ans, Élodie n’a pas perdu de temps pour gagner en responsabilités dans son métier d’actuaire. Elle est aujourd’hui directrice associée du cabinet dans lequel elle a fait ses premiers pas en alternance. Élodie est une fonceuse et une travailleuse qui s’est donnée les moyens de réussir. Il faut dire qu’elle a su assez tôt qu’elle voulait devenir actuaire, un métier pourtant très peu connu. Son père travaillait dans les assurances et c’est lui qui lui a permis d’en découvrir l’existence. C’est l’aspect relationnel qui lui a plu. Elle a opté pour le cursus universitaire plutôt que d’intégrer une prépa pour découvrir le métier tout en gardant d’autres portes ouvertes dans le domaine des assurances et en avoir une vision plus globale. Pour rejoindre ensuite l’ISFA, de très bons résultats étaient indispensables. Elle a donc travaillé sans relâche pour parvenir à son objectif. Les actuaires sont peu nombreux et pourtant très recherchés. Une forte demande existe. Des chasseurs de tête la contactent régulièrement mais pour le moment, elle n’est pas intéressée, son poste lui convient très bien.

Son Conseil

« Ce métier est peu connu alors que la demande est très forte. Il est essentiel d’avoir un très bon niveau en mathématiques. »

Son cursus universitaire

Son parcours jusqu’à l’ISFA

Elle a longuement hésité pour le choix de sa formation pendant son année de terminale afin de préparer au mieux son entrée à l’ISFA.

Elargir ses perspectives
Elle a postulé pour un DUT STID (Statistique et Informatique Décisionnelle), a été reçue en entretien mais une enseignante lui a conseillé, aux vues de ses résultats scolaires, de faire des études longues. Aujourd’hui, elle considère que cette femme a eu un rôle décisif dans son parcours et sa carrière actuelle. « J’ai finalement intégré la licence dans le portail Mathématiques et Informatique puis la L2 Mathématiques Appliquées aux Sciences Sociales (MASS) et j’ai poursuivi en L3 Mathématiques, parcours Sciences Actuarielle et Financière (SAF) de l’université Lyon 1. Cette formation m’a permis d’acquérir de solides connaissances techniques en mathématiques, en économie, en physique-chimie. De plus, je savais qu’une passerelle avait été créée avec la possibilité de rejoindre l’ISFA et d’intégrer la formation d’actuaire. J’ai donc travaillé très dur pour que mon dossier soit retenu. » Cette formation d’actuaire s’intègre dès la 3ème année de la licence SAF et se poursuit jusqu’au master 2 du master SAF. En parallèle de ce cursus, les étudiant.e.s préparent le diplôme d’actuaire reconnu par l’institut des actuaires.

La mixité durant ses études

Dans sa promotion à l’ISFA, les filles représentaient près de 35% des effectifs.

Des filles moins nombreuses
Elle sortait tout juste de la L3 de la licence mathématiques parcours SAF où elles étaient seulement 25% de filles. Elodie a donc été habituée à une promotion plutôt masculine. Mais cette majorité de garçons lui convenait très bien en terme d’ambiance de travail. Elle apprécie travailler avec des hommes dont le tempérament souvent calme lui convient très bien.

Ses premières expériences professionnelles

Elodie a acquis par elle-même de l’expérience très tôt, avant même les stages obligatoires.

Multiplier les expériences
Pendant son M1, elle a obtenu une dérogation de l’école pour pouvoir travailler un jour par semaine au sein d’un groupe spécialisé dans la protection sociale, par le biais d’une agence intérim. Puis, à la fin de son M1, elle a fait un stage dans un cabinet de conseil spécialisé en retraite. Elle a ensuite suivi sa dernière année à l’ISFA, autrement dit son M2, en alternance : « Cela nous permet de découvrir vraiment ce qui nous intéresse dans ce métier et le domaine dans lequel on souhaite évoluer professionnellement : santé, prévoyance, dommages ou encore trader. » A l’issue de son alternance, son employeur lui a proposé de poursuivre l’aventure avec lui et de l’embaucher directement en CDI au poste d’actuaire.

« J’étais alors la seule salariée. Puis progressivement, nous nous sommes développés. Aujourd’hui, nous sommes douze personnes à travailler chez Actélior et je suis devenue l’année dernière directrice associée. »

Un métier prenant et stimulant

Directrice de mission, Elodie est en contact direct avec les clients.

La dimension relationnelle
« Il y a tellement d’actuaires différents, dans des domaines variés. Dans mon secteur, à l’aspect calculatoire du métier, il faut ajouter l’aspect relationnel qui me plait vraiment beaucoup. » Elle identifie le besoin du client, lui propose une offre de service et un prix. Si l’offre est acceptée, elle organise la réalisation de la mission, la valide et la restitue au client.

Un secteur porteur
Actuaire est encore aujourd’hui un métier méconnu  en dehors du monde de l’assurance. Pourtant, la demande est forte et les actuaires, même en poste, se font régulièrement contacter par des chasseurs de tête. Chaque année, la profession compte entre 200 et 300 nouveaux actuaires alors qu’il en faudrait le double. Les opportunités de carrière sont donc nombreuses. En contrepartie, ce métier demande beaucoup d’investissement.

Son métier d’Actuaire

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • le relationnel : c’est intéressant de pouvoir échanger directement avec le client
  • la réalisation du calcul pour répondre à leurs attentes tout en prenant en compte ses contraintes : c’est toujours un nouveau défi
  • la variété des missions : absence de monotonie.

Les aspects les plus négatifs :

  • Le travail dans le conseil nécessite un important investissement personnel qu’il ne faut pas négliger : les clients imposent des délais souvent très courts que devons respecter
  • Des missions peuvent être redondantes avec les années (états règlementaires, suivis techniques…).

Zoom sur ses missions

C’est un métier très vaste qui touche différents domaines. On trouve des actuaires en finance (des traders sont actuaires) mais aussi dans le monde de l’assurance spécialisés dans la souscription (créer de nouveaux produits, donner son avis sur un risque), à l’inventaire (faire des comptes pour la compagnie d’assurances), ou bien rattachés à la direction technique (pour réaliser notamment des évaluations de provisions). Elodie fait, quant à elle, du conseil,  plus particulièrement sur les questions de santé et de prévoyance (invalidité, incapacité, décès).

Calculs / Mathématiques / Statistiques / Probabilités

C’est un point assez important pour les actuaires. Elle accompagne des mutuelles régionales ou nationales et qui, très souvent, n’ont pas de direction technique.

Son rôle de conseil
« En assurance, on a un cycle inversé de production. Les assurés payent d’abord leur cotisation de santé par exemple, puis ils sont dédommagés après. Ils payent donc sans savoir ce qu’ils vont recevoir dans l’année. »  Son rôle est de s’assurer que l’assureur va pouvoir tenir ses engagements liés à ce contrat et payer à ses assurés toutes les indemnisations dont ils vont avoir besoin. « Ce dernier doit constituer énormément de provisions et c’est à elle de veiller à ce qu’elles soient suffisantes. » Pour cela, elle leur propose des tarifications et réalise des calculs de provisions, puis elle les aide à rédiger tous les rapports à envoyer à l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution  (ACPR), en charge de contrôler les organismes d’assurances. Elle se doit d’anticiper autant que possible les risques pour en limiter l’impact.  « A l’inverse d’une compagnie d’assurance, on ne porte pas de risques. On donne notre expertise et on conseille le client, après libre à la mutuelle de d’intégrer nos préconisations ou pas dans leurs comptes. Nous n’avons aucun engagement vis-à-vis des assurances. »

Tarification et comptabilité

Elle doit disposer de solides compétences en terme de manipulation des chiffres.

Calcul des tarifs des contrats d’assurance
Elle donne aussi son avis sur la tarification de nouveaux produits ou forfaits lancés par des mutuelles clientes. Elle participe donc à déterminer le tarif et le niveau de garantie conciliant au mieux les intérêts de rentabilité et le développement commercial du produit, en fonction de la solvabilité du client. Les évolutions tarifaires d’une mutuelle sont constituées d’une constante technique (la réalité technique de la tarification des résultats) mais également d’une composante stratégique (limiter l’augmentation pour ne pas que les bons assurés résilient). « Mon travail est donc d’aider les mutuelles à positionner le curseur entre ces deux composantes. » Enfin, pendant la clôture des comptes, elle accompagne les mutuelles dans l’application du plan comptable.  

Respect des normes juridiques

Elle doit se tenir informée de la réglementation en vigueur pour les assurances et s’assurer qu’elle est bien respectée par ses clients.

Suivre les évolutions
« Les critères évoluent régulièrement. En ce moment, on ne sait pas comment va être le contrat responsable de demain. ». Et l’interprétation peut varier d’un organisme à l’autre. En effet, plusieurs codes régissent l’activité d’assurance, à savoir  le code de la mutualité, le code des assurances, le code de la sécurité sociale et le code général des impôts. Elle doit rester en veille pour éviter que ses clients se retrouvent en situation d’illégalité.

 Marketing

Elle réfléchit aux meilleures stratégies commerciales afin que le contrat d’assurance soit le plus rentable possible.

Attractivité du produit
Si un client souhaite lancer une nouvelle gamme pour des séniors, pour des entreprises, des familles ou bien des étudiants, elle les conseille et les aide à rédiger le contenu à mettre en avant sur les plaquettes. Mais elle peut aussi donner son avis sur la mise en forme du produit et les garanties à intégrer en fonction des tendances du moment.

 Commercial

Elle se doit de recruter de nouveaux clients en répondant à des appels d’offres et en réactivant régulièrement son réseau de clients.

Prospection et fidélisation
« Il faut entretenir ses relations avec ses clients. C’est beaucoup d’écoute. Il faut prendre des nouvelles régulièrement et construire des liens forts de confiance qui durent avec certains depuis de longues années.  Ils nous confient plus facilement des missions. »

Son environnement professionnel

    La structure

Douze salariés travaillent au sein du cabinet. Lorsqu’Elodie est arrivée, elle était la seule employée.

Une diversité des missions
« Personnellement, je trouve que travailler dans une petite structure est un atout. Je suis directrice associée, d’un cabinet de douze personnes, c’est très intéressant à mon âge. Dans un groupe, je ne pense pas que j’aurais la même place, ni les mêmes responsabilités. En 7 ans, certes il y a des missions qui reviennent chaque année mais il y en a surtout des nouvelles. Je ne me lasse pas de mon travail. C’est vraiment très stimulant. »

Elle a fait ses preuves et bénéficie de l’entière confiance de son directeur et gère ses dossiers de façon autonome, même si au sein d’une petite structure les échanges, formels et informels, restent nombreux.

Seul inconvénient à ses yeux, cette petite structure ne fait pas toujours le poids face à la concurrence, les grosses compagnies d’assurances peuvent préférer faire appel à de gros cabinets de conseil. « Mais petit à petit, on fait notre place. Il faut se faire un nom et une réputation. »

    Ses relations professionnelles

Du fait de son poste de directrice associée, elle a des responsabilités de management.

Formation et encadrement
En interne, elle forme, entre autres, les nouveaux arrivants : « En tant que manager, ce n’est pas toujours évident au début de savoir quelle attitude adopter envers les personnes que l’on dirige. Etre plus ou moins distante, plus ou moins stricte. Il faut trouver le juste milieu. » Du coup, avec ses trois collaborateurs responsables de la direction du cabinet, elle encadre les huit autres personnes.

     L’actuariat, un secteur plutôt masculin

La société Actelior compte trois femmes pour dix personnes.

Gagner la confiance
« C’est plutôt un métier masculin mais il n’est pas non plus rare de trouver une femme actuaire. Je suis en contact avec des directeurs de mutuelles qui sont majoritairement des hommes. » Ce qui a joué, ce n’est pas vraiment le fait d’être une femme mais surtout d’être une jeune débutante. Au fil du temps, avec l’expérience et davantage de confiance en elle, elle a su instaurer une relation de confiance avec ses clients. Ils apprécient ses compétences et son sens de l’écoute. « Il arrive même parfois qu’ils se confient à moi sur leurs tracas professionnels et personnels. » Travailler avec des hommes est même plutôt positif selon elle : « Ils disent plus les choses. Le climat de travail est très sain, il n’y a aucune tension, donc je suis bien contente. »