Ulrich savait dès le lycée qu’il voulait poursuivre ses études puis travailler dans le domaine de la biologie. Aujourd’hui, il est passionné par ce qu’il fait et s’investit à 100% aussi bien dans sa fonction de maître de conférences à l’Université Lyon 1 que d’enseignant-chercheur au centre de recherche de Cancérologie. Et comme ces lourdes responsabilités ne l’avaient pas encore assez rassasiées, il est également directeur des études en biologie. Il ne compte pas ses heures. En recherche, le cerveau n’est jamais complètement déconnecté. Pour pouvoir évacuer la pression en dehors du travail, le sport est à ses yeux le meilleur remède. Les activités artistiques (peinture sur toile) et les voyages sont aussi pour lui un bon moyen de s’évader.

Son Conseil

« La maîtrise de l’anglais est devenue incontournable dans ce métier. Lecture de revues techniques, écriture d’articles scientifiques internationaux, rédaction de demande de financement… Tout se fait désormais dans la langue de Shakespeare. »

Son cursus universitaire

Un parcours bien réfléchi

Après son bac S, option biologie, Ulrich souhaitait continuer des études en Biologie, une matière qui l’intéressait tout particulièrement au lycée.

Des études en biologie
Assez rapidement, il a été attiré par la biologie moléculaire et cellulaire et à la fin de sa licence biosciences, il a alors prospecté pour connaitre les formations existantes. Il a finalement intégré le Master Biosciences de Lyon 1. « Ce qui m’a tout de suite plu, c’est de voir le changement d’orientation d’une cellule en fonction de l’environnement, observer leur plasticité et leur évolution in vitro. » A l’issue de sa 5e année, il a passé un grand oral. Il a fini 2e de sa promotion, les notes de l’année comptant également dans le classement. « J’ai donc pu obtenir une bourse pour faire une thèse que j’ai considérée comme ma 1ère expérience professionnelle. » Durant trois ans, il s’est intéressé à l’ingénierie tissulaire, et plus précisément aux facteurs de différenciation des cellules des cartilages au sein de l’Institut de Biologie et Chimie des Protéines. Pour répondre à cette question scientifique, il a réfléchi et mis en place de multiples protocoles expérimentaux : « On travaille avec de l’invisible, de l’infiniment petit sur un système complexe, il faut donc redoubler de créativité et trouver des petites astuces pour justement voir les choses. » Parfois c’est un échec. Il ne faut pas baisser les bras et chercher à comprendre pourquoi l’expérience n’a pas fonctionné, et quels ajustements doivent être réalisés. Il interprète ensuite les résultats et tente de leur trouver un sens pour expliquer par exemple comment s‘orientent les cellules, comment elles se différencient ou encore comment elles peuvent former un cartilage. En parallèle, ambitieux et déterminé, il a donne des cours à l’Université Lyon 1 afin d’avoir une première expérience dans l’enseignement. A l’issue de ces trois ans, il faut en même temps gérer la fin de sa thèse, chercher un laboratoire d’accueil pour le stage post doctoral et trouver un financement. « J’ai obtenu une subvention de deux ans de la part de l’Association de Recherche contre le Cancer (ARC). »

La mixité durant ses études
En biologie de façon générale, les filles sont plus nombreuses à faire le choix de ce cursus.

Des filles plus nombreuses
En licence biologie, les filles représentent près de 65% des effectifs 65%. En master, selon le choix de la spécialité, la proportion n’est pas la même. En revanche, en Biosciences, la mixité est bien représentée, avec une quasi parfaite équité (49%-51%) en master. Enfin en doctorat, les femmes étaient moins de 60%.

Ses contrats post-doctoraux

A l’issue de sa thèse, une expérience post-doctorale est vivement recommandée pour devenir chercheur ou enseignant chercheur en France. Il a fait le choix d’en réaliser deux pour mettre toutes les chances de son côté pour le concours d’enseignant-chercheur.

Une opportunité à l’étranger
Ulrich a effectué son premier contrat postdoctoral pendant deux ans et demi. à Uppsala en Suède, ville avec la plus grande cité universitaire du pays dans un Institut de Recherche sur le Cancer. « Au cours de ma thèse, j’avais collaboré avec un chercheur de Uppsala. Je trouvais sa thématique très intéressante, à savoir l’étude de l’orientation des cellules dans le cas d’une progression tumorale. » 17 nationalités différentes se côtoyaient et collaboraient au sein du laboratoire : « C’est vraiment enrichissant de rencontrer d’autres personnes, de se frotter à d’autres cultures et de voir d’autres façons de travailler et de penser. Cette expérience a été ma période de recherche la plus intéressante. » Il a ensuite réalisé son second contrat postdoctoral de deux ans, cette fois-ci financé par l’INSERM, en rhumatologie à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon. Il a étudié le vieillissement des cellules osseuses pour explorer ce qui se passe lors de la ménopause chez les femmes et mieux comprendre la fragilité osseuse qui s’ensuit. « Ces expériences m’ont fait gagner en maturité personnelle et scientifique. Elles permettent aussi de se créer un réseau professionnel, de se perfectionner en Anglais dont la maitrise est devenue essentielle et d’acquérir des compétences variées : aisance rédactionnelle, orale mais aussi savoir communiquer ses résultats, avoir du recul par rapport à son poste de recherche, mieux définir les champs d’investigation dans lesquels on veut s’engager. »

Le métier de chercheur

C’est un métier passionnant mais aussi très prenant dans lequel il faut s’investir, et qui demande certaines concessions.

Un concours exigeant
En recherche, les qualités requises sont nombreuses : l’adaptabilité, la rigueur et surtout une grande part de ténacité. C’est un métier qui fait aussi appel à l’intuition afin d’émettre les bonnes hypothèses. Et à l’inverse de l’image que l’on peut en avoir, le métier s’est beaucoup démocratisé : « Il n’est pas réservé à une poignée d’excentriques coupés du monde, isolés derrière leur microscope. La communication est la base, tout se passe en réseau, en collaboration.  Le but c’est de partager des connaissances avec la communauté scientifique pour faire avancer une problématique donnée. » Il a choisi de poursuivre sa carrière dans la recherche publique plutôt que dans la recherche privée. Il lui fallait donc réussir un concours de recrutement pour un poste de chercheur ou d’enseignant-chercheur. Ces concours très sélectifs sont basés sur l’expérience et les publications. « Les expériences post-doctorales sont indispensables et doivent être nombreuses.» « Le jury se base sur l’évaluation de notre capacité à gérer des projets de recherche et à les transmettre. En quelques minutes de présentation, on joue sa carrière. » il a fini premier et a obtenu le seul poste proposé cette année-là à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Il jouit désormais du statut de fonctionnaire.

Un défi permanent
Dans ce métier, la pression est constante et commence dès la thèse durant laquelle il est obligatoire de faire au moins une publication pour obtenir son doctorat. La veille scientifique fait donc aussi partie du quotidien d’un chercheur. Il faut se baser sur ce qui a déjà été publié pour continuer d’avancer et ne surtout pas refaire ce qui a déjà été fait. Et il faut faire preuve de réactivité, c’est aussi un peu la compétition pour publier en premier avant qu’il ne soit trop tard. « C’est à chaque fois un vrai challenge. » C’est un métier où il ne faut pas compter ses heures mais il était préparé à cela, et la passion fait le reste.

Son métier de maître de conférence en Biologie Cellulaire / Enseignant-Chercheur

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • sa passion pour la Biologie Cellulaire et la recherche
  • une certaine liberté de penser, de diriger son projet, d’aller où il veut dans ses recherches
  • les contacts fréquents avec des acteurs et des publics différents
  • toutes journées sont uniques avec des problèmes, des joies et des déceptions : absence de monotonie
  • la satisfaction de valider une hypothèse et d’avancer dans ses recherches.

Les aspects plus négatifs :

  • la compétition entre les chercheurs malgré des contraintes budgétaires importantes
  • le fait de conjuguer deux mi-temps (enseignement et recherche)
  • faire face aux échecs
  • la recherche de financements
  • en tant que Maitre de conférences, la lourdeur administrative liée au fonctionnement universitaire.

Zoom sur ses missions

En tant que Maitre de conférences, Ulrich est donc enseignant-chercheur : il a une double casquette.

Enseignement

Il dispense des enseignements en Biologie cellulaire, aux étudiant.e.s de la 1ère année de licence au Master 2.

Transmission de connaissances
Il s’agit tout simplement de transmettre, sous différentes formes (théorie, illustration du cours et mise en pratique), des informations et connaissances en Biologie de la cellule adaptées en fonction du niveau d’études de son auditoire ; des enseignements de base en Licence à des enseignements beaucoup plus poussés et spécialisés en Master 2. Mais le travail d’un enseignant ne s’arrête pas là. Une grosse partie se déroule dans l’ombre, en dehors des salles de cours. En amont, Ulrich réalise toute la préparation de ses cours: « Il faut se documenter, se renseigner, beaucoup lire, faire une synthèse des connaissances et les transposer soit d’une manière simple ou plus élaborée selon le public. » Il faut également s’occuper des examens : créer un sujet, surveiller les épreuves et corriger les copies.

Direction des études en biologie

Du fait de cette fonction, il a des responsabilités administratives et en ressources humaines qui se traduisent par un certain nombre de documents à rédiger, à lire ou à signer ainsi que l’organisation de réunions.

Des responsabilités administratives
« Il faut être multitâches. » Parmi ses nombreuses responsabilités, il est en charge de la préparation des rentrées universitaires en Biologie et d’effectuer les inscriptions pédagogiques des étudiants. Chaque semestre, il suit un groupe d’une soixantaine d’étudiants avec un accompagnement personnalisé : « Je leur donne des conseils pour leur orientation ou réorientation vers d’autres formations ou vers les instances compétentes pour régler leur problème, comme par exemple le CROUS ou l’assistance sociale. Je suis leur interlocuteur privilégié. Le but est que l’étudiant.e se sente moins isolé.e et que la fac lui paraisse moins anonyme et impersonnelle ». Il est aussi responsable unités d’enseignements. « En collaboration étroite avec d’autre collègues, on établit les plannings, la réservation des locaux et on recrute les intervenants. » En parallèle, il s’occupe avec d’autres collègues des contenus pédagogiques et élabore les maquettes des futurs enseignements : ceux qui sont ajoutés, supprimés et comment les agencer. A cela s’ajoute une mission de représentation de l’université auprès des lycéens et étudiants lors de différents évènements, salons, forums. « Il s’agit de les d’informer des formations existantes et de promouvoir l’université. »

Recherche / Management / Gestion de projet

Il dépend du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon créé récemment au Centre Léon Bérard.

La communication, le moteur de la recherche
400 chercheurs de tout niveau (étudiant.e.s en thèse, ingénieur.e.s, chercheur.e.s, enseignant.e.s- chercheur.e.s) s’activent pour avancer dans la recherche sur le cancer en allant du niveau moléculaire jusqu’au patient. Ulrich est spécialisé dans le cancer du pancréas. Le but ultime qui les relie tous les uns aux autres, c’est de trouver des médicaments et d’améliorer les thérapies qui existent actuellement : « « C’est de la recherche académique qui se rapproche au plus près du patient afin de comprendre concrètement les mécanismes, proposer des cibles pour les thérapies, expérimenter par le biais du modèle animal par exemple. » Il encadre les étudiant.e.s au sein de son laboratoire et suit attentivement leur cahier de recherche : « Je dois faire en sorte que ces projets avancent. Je leur transmets les techniques et bonnes pratiques de laboratoire, les règles d’hygiène et de sécurité à respecter. On prend le temps de discuter des résultats, des expériences à mettre en place, de leur interprétation. » Puis, il les aide à mettre en forme les résultats, et leur apprend à faire des publications et à communiquer autour de leurs travaux notamment en participant à des congrès scientifiques. « Il s’agit plus du management et de la gestion de projet que de la recherche proprement dite. Je forme les étudiant.e.s à et par la recherche. »

Son environnement professionnel

La structure

Ulrich partage son temps entre l’Université Lyon 1 et le laboratoire du Centre de Cancérologie de Lyon au Centre Léon Bérard.

Des échanges permanents
400 personnes travaillent au centre de Cancérologie. Il s’agit essentiellement de chercheur.e.s, d’ingénieur.e.s d’études et d’agents techniques pour la plupart issu.e.s de l’université. Dans son activité de recherche, les échanges se font à tous les niveaux, avec son chef, ses collègues, son institut, d’autres instituts et même régulièrement avec des collaborateurs internationaux lors de congrès scientifiques ou de simples échanges téléphoniques. « Les publications, qui présentent nos travaux à des journaux scientifiques plus ou moins renommés, sont le moteur de notre carrière. »
A la Faculté des Sciences et Technologie et au département de Biologie, il travaille avec d’autres enseignants, ainsi qu’avec le personnel administratif.

Une majorité de collègues femmes

A l’Université Lyon 1, le métier d’enseignant-chercheur en biologie est mixte, en effet, les femmes représentent 51 % des effectifs.
Pour le métier de maitre de conférences dans le domaine de la biologie , les femmes sont largement plus nombreuses que les hommes : 60% des effectifs à Lyon 1.

La féminisation du métier
« Alors que le métier est resté très masculin durant de longues années, en Biologie la tendance s’est s’inversée. Nous sommes trois hommes pour six femmes dans notre équipe pédagogique à l’université et quatre hommes pour six femmes également en recherche au centre Léon Bérard. Le système universitaire jouit d’une grande ouverture d’esprit ce qui facilite l’intégration de chacun. » Ses collègues sont donc en majorité des femmes. Il entretient de bonnes relations professionnelles avec l’ensemble de son équipe. Selon lui, d’ailleurs, les femmes sont souvent plus à l’aise avec le coté multitâches du métier enseignant-chercheur et font preuve d’un bon sens de l’intuition qui est une qualité essentielle dans le domaine de la recherche.