Alexis est un enseignant totalement dévoué à ses petits élèves de maternelle. Il consacre énormément de son temps à la préparation de chacune de ses journées de la semaine.

Son père travaillait dans l’humanitaire. Alexis a donc vécu dans différents pays défavorisés et a toujours évolué  dans une démarche de transmission et de partage.

Ses expériences en tant qu’animateur ont confirmé son envie de travailler avec des enfants et son sens du relationnel avec ce public. Aujourd’hui il est très engagé dans son métier et s’investit avec d’autres collègues dans un projet en faveur d’un enseignement personnalisé et adapté au rythme de chaque enfant qu’il va mettre en place à la rentrée dans sa nouvelle école, à Vaulx-en-Velin. Cependant, ce portrait se base sur son expérience au sein de l’école de Villette d’Anthon (département 38) où il exerçait lorsque nous l’avons rencontré.

Son Conseil

« Avant de passer le concours pour la deuxième fois, j’ai exercé pendant trois ans en tant qu’assistant pédagogique dans des collèges, et des écoles maternelles et primaires. » 

Son cursus universitaire

Un parcours non linéaire

Après son baccalauréat, il ne savait pas vraiment quelle voie choisir.

Une réorientation à la fin de sa licence

Il s’intéressait à l’informatique et a donc décidé de faire des études là-dedans : « C’était un peu la solution de facilité, je n’étais pas passionné. » Il ne se voyait pas faire carrière dans ce domaine.

Le métier d’enseignant lui est venu tard : « Titulaire du BAFA, j’ai beaucoup travaillé comme animateur pendant ma jeunesse. Le contact avec les enfants m’a beaucoup plu. Ces expériences ont été décisives dans mon parcours. »

Il a toutefois poursuivi en informatique jusqu’à obtenir sa licence devenue obligatoire pour intégrer l’IUFM. « La première année, j’ai raté le concours, je n’avais pas assez d’expérience dans les classes. »

Il a donc mis en suspens ses études et a travaillé trois ans en tant qu’assistant pédagogique dans un collège et les écoles du même secteur afin de ses donner toutes les chances de réussir. « C’est très formateur, on aide un enseignant et en contrepartie, on apprend beaucoup ». Il est ensuite revenu à l’IUFM et a passé son master avant de passer de nouveau le concours : « Entre temps, la réforme de la masterisation du cursus d’enseignant était passée. » 

La mixité durant ses études

Les hommes sont en minorité, les études dans les IUFM (aujourd’hui remplacés par les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’éducation : ESPé) pour devenir enseignant attirent beaucoup plus de filles.

Une mixité quasi inexistante

Cette disproportion est d’autant plus vraie chez les étudiants qui se préparent au Concours de Recrutement de Professeur des Ecoles (CRPE), les garçons étant mieux représentés dans l’enseignement secondaire. Cependant, il semblerait que les mentalités évoluent, que les tabous tendent à disparaître et que la proportion d’hommes à enseigner en maternelle et en primaire est en nette hausse. 

Le début de carrière d’un professeur des écoles

Comme chaque jeune diplômé de l’IUFM, Alexis a enseigné la première année en tant que stagiaire, accompagné par différents formateurs.

Enrichir sa pratique professionnelle

« Finalement même si on est aidé, la plupart du temps, on gère seul notre classe. On a forcément beaucoup d’appréhensions au début, la peur de ne pas être à la hauteur et de ne pas réussir à transmettre. La pression est grande. C’est difficile avant d’exercer de savoir que l’on est vraiment fait pour ça. » Il faut dire que la responsabilité pédagogique est grande, les parents confient leur enfant à un enseignant qui a la lourde tâche de le faire progresser.

Il a ensuite obtenu un poste de titulaire, sans passer par la case remplacement. « Les premières années ne sont pas faciles. Il y a beaucoup de choses à mettre en place. On a un programme à respecter, après à nous de tout créer et de trouver notre propre méthode. Mais c’est tellement passionnant aussi. » 

Un métier passionnant et exigeant

Le métier de professeur des écoles exige beaucoup de travail personnel.

Faire preuve de pédagogie

« C’est beaucoup plus de travail que je ne l’imaginais. Beaucoup de personnes extérieures au métier pensent que l’on donne deux jouets et un pinceau à un enfant, et c’est fini. Mais pas du tout ! La plupart des activités, je passe beaucoup plus de temps à les préparer qu’elles durent une fois en place dans la classe. Il ne suffit pas d’occuper un groupe d’enfants mais de les faire progresser chacun à son rythme et avec ses difficultés. »

Il faut aussi être capable de faire preuve de pédagogie à toute épreuve ce qui n’est pas toujours évident. « Je trouve que la pédagogie en tant que science est tout aussi intéressante que dans la pratique. Il n‘y a pas de vérité, pas de méthode, à nous de chercher, de tester et de trouver celles qui fonctionnent le mieux. »

Son métier de professeur des écoles

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • être avec les élèves, vivre avec eux (6h/jour)
  • se sentir utile, le caractère valorisant de les voir évoluer, en particulier en maternelle, les progrès se font vite
  • le travail de préparation, le fait de concevoir les choses, de les créer puis de les adapter à chaque élève
  • transmettre des valeurs auxquelles il croit.

Les aspects plus négatifs :

  • toutes les activités périphériques comme le suivi des dépenses sur le budget alloué à sa classe
  • les corrections des activités, même si elles sont moindres en maternelle
  • la gestion du comportement de certains élèves parfois dissipés

Zoom sur ses missions

Travail de préparation

C’est une des parties principales du métier.

Atteindre les objectifs fixés

« Avec des enfants et en particulier avec des tout petits, il est indispensable qu’ils apprennent et progressent en permanence pendant les 24 heures qu’ils passent à l’école chaque semaine de classe. Il est donc nécessaire de bien penser les choses à l’avance. »

Et il faut bien gérer son temps pour atteindre les objectifs fixés par le Ministère de l’éducation qui construit les programmes. A partir de cela, il doit construire des progressions sur toute l’année.

Travail en classe

A l’aide d’exercices pratiques et ludiques, il développe les capacités de l’enfant.

Une pédagogie sur-mesure

Très impliqué dans son métier, il prône également un enseignement personnalisé et adapté à chaque élève qu’il met en pratique dans sa classe. « Cette méthode consiste à suivre le rythme de chaque enfant et à proposer des activités sur-mesure et au bon moment en fonction de sa progression mais aussi de ses envies. ». Cela demande donc un travail de préparation encore plus important, il faut avoir plusieurs cordes à son arc et être capable de rebondir à tout moment.

Temps d’échanges avec les parents

Lorsque les parents amènent leur enfant ou viennent le chercher, il communique très régulièrement avec eux.

Rassurer les parents

En maternelle, les parents sont souvent inquiets et n’ont pas toujours l’habitude de confier leur enfant. « Il faut donc les rassurer. »

Il rencontre également les parents en rendez-vous afin de discuter des problèmes rencontrés par leur enfant. « C’est aussi l’occasion de montrer ce qui est fait en classe, parfois en présence de l’enfant afin de le valoriser. Je vois aussi les parents de ceux qui réussissent bien, ce n’est pas pour autant que l’échange n’est pas important. » 

Son environnement professionnel

La structure

L’école compte cinq classes. Il travaille en lien avec cinq autres professeurs des écoles ainsi que quatre Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM).

Une liberté encadrée

Il aime le fait d’être relativement autonome dans sa méthode d’enseignement tout en disposant d’un référentiel et d’un cadre institutionnel. « Nous jouissons d’une certaine liberté pédagogique pour gérer notre classe, à condition de rester dans le cadre et que les projets soient réfléchis et en faveur de l’apprentissage de l’enfant. Tout doit être prétexte pour le stimuler et le faire progresser. »

Une fois tous les 3 ans, les inspecteurs académiques sont là pour recadrer et conseiller les enseignants tout au long de leur carrière. Il regrette cependant que les visites ne soient pas plus fréquentes.

Ses relations avec ses collègues

Les temps d’échanges entre professeurs sont fréquents en dehors des deux heures hebdomadaires de réunion institutionnelle.

Des échanges réguliers

Ils planifient le déroulement de l’année, réfléchissent ensemble à la construction des progressions des élèves et à l’organisation de projets communs. Cette année, ils ont mené à bien un projet artistique autour de la danse contemporaine avec les petits qui s’est concrétisé avec un spectacle de fin d’année.

Professeur des écoles, un métier encore très féminisé

Il est le seul homme dans son école maternelle, professeurs et ATSEM confondus.

Une absence de mixité institutionnelle

Avant toute chose, « il faut accepter que, dans le langage courant on parle quasiment systématiquement des maitresses de l’école, même si je ne me sens pas insulté non plus. C’est ancré dans l’inconscient collectif même si les choses tendent à évoluer progressivement. » 

Pour sa part, il le vit très bien et ses relations avec ses collègues se passe sans encombre, il ne se sent pas différent du reste de l’équipe. « Je pense cependant que ce serait mieux d’avoir un peu plus de mixité. Non pas parce que cela me dérange d’être entouré exclusivement de femmes ou que je pense que les hommes sont mieux pour ce métier. Mais tout simplement parce qu’on apprend à nos élèves qu’il n’y a pas de métiers d’hommes ou de femmes alors que c’est comme cela à l’école. C’est un peu contradictoire avec les principes et les valeurs qu’on leur transmet. » Aussi, selon lui, la société pousse de plus en plus à faire évoluer les mentalités concernant l’éducation des enfants qui ne doit pas être réservée aux femmes. « Et pourtant dans l’éducation nationale, c’est ce schéma qui prédomine. »

Concernant ses relations avec ses parents, passée la surprise du premier jour, ils sont souvent contents que leur enfant ait un maitre : « Les enfants sont souvent entourés de femmes, notamment les assistantes maternelles, les nourrices, donc être un homme est souvent assez apprécié au final.  Et ils osent moins souvent aller au conflit. »