Jonathan, 25 ans, est un jeune homme ambitieux avec des projets plein la tête. Originaire de la Réunion, il s’est inscrit à l’IAE de l’île pour suivre un Master pro en alternance en Ressources humaines et Organisation, et recherche actuellement une entreprise. A terme, il a pour objectif de lancer, avec un associé, son entreprise de conseil dans l’agroalimentaire, pour les micro-entreprises locales. Et ce n’est pas le fruit du hasard s’il a fait le choix de suivre des études dans cette voie. En plus d’être un milieu porteur, qui recrute, ce n’est autre que le premier secteur d’activité de l’île. Son rôle serait alors de les accompagner dans le lancement de leur projet, et les aider à monter leurs dossiers de financement. Et pourquoi pas développer, dans un second temps, une activité d’import/export des produits de ces entreprises vers la métropole.

Son Conseil

« L’agroalimentaire est un secteur d’avenir qui recrute, les possibilités de postes sont nombreuses à condition de se donner les moyens, d’être sérieux et rigoureux dans son travail. »

 Son cursus universitaire

Un parcours linéaire

A l’issue de son BTS, il a essayé de chercher du travail mais n’a pas trouvé. C’est pourquoi il a décidé de compléter sa formation et de rejoindre la licence professionnelle en ingénierie de la production alimentaire.

L’alternance, un vrai plus

Il avait effectué son stage de 2e année de BTS à l’île de la Réunion en qualité. Il devait alors élaborer des purées de fruits et délimiter le territoire de production en déposant une Indication Géographique Protégée (IGP).

Puis en licence, il était en alternance dans une brasserie, à Fontaine sur Saône, en tant que responsable de la production : « C’est un poste très intéressant et formateur qui exige une certaine polyvalence. » Il a conçu un logiciel de gestion en collaboration étroite avec un informaticien.

Stages et formation en alternance génèrent une expérience à valoriser sur le CV. « Avoir seulement des savoir-faire théoriques et aucune mise en pratique de ses acquis, rend difficile les recherches d’un emploi. Les recruteurs font plus confiance à des personnes qui sortent d’une alternance. »

La mixité pendant ses études

En licence professionnelle, les filles étaient plus nombreuses dans sa promotion, soit 65% des effectifs.

Une mixité quasiment inexistante

Etre en minorité n’a posé absolument aucun problème à Jonathan qui entretenait de très bonnes relations amicales avec ses camarades de promotion. « Le fait d’avoir des effectifs réduits fait que l’on se connaissait tous très bien. Nous étions aussi suivis de près par nos enseignant.e.s avec lesquel.le.s des relations fortes se sont créées. » Ainsi, il n’a rencontré aucune difficulté particulière d’intégration.

Un parcours professionnel riche

A la fin de sa licence professionnelle, Jonathan n’a pas eu de période de latence et a trouvé très rapidement un emploi.

De multiples expériences

Il a commencé en tant qu’assistant du responsable d’expédition à Langloys traiteur, une société qui fabrique des produits alimentaires à base essentiellement de produit de la mer et produits japonais, tels que les sushis, salades d’algues, brochettes de poisson, yakitoris… puis a poursuivi comme assistant chef d’équipe à Naturex, une grande entreprise pharmaceutique. « Ils voulaient m’embaucher en CDI mais ils ont été rachetés entre temps et souhaitaient mettre une nouvelle politique salariale ce qui me pénalisait beaucoup. » Il a donc quitté l’entreprise et a décidé de passer par une agence intérim. Depuis quelques mois, il travaille désormais comme pilote de fabrication et conducteur de ligne chez Granini, une entreprise spécialisée dans la production de jus de fruits. « L’intérim peut-être une bonne d’entrée dans une entreprise. Bien souvent, si elle est satisfaite du travail réalisé, des propositions d’embauche sont envisageables. Il faut être particulièrement sérieux pour se faire remarquer positivement. »

Avec davantage d’expérience, il pourra prétendre à des postes de responsable d’atelier.

 

La maitrise des technologies

Chef d’équipe, il reste sous l’autorité de son responsable de production. Cependant, malgré l’informatisation des données, il jouit d’une certaine liberté.

Une certaine marge de manœuvre

Il ne s’attendait pas à autant d’automatisme, de technologie, de supervision. Son poste à la préparation de pilote de fabrication est la partie de son métier qu’il apprécie le plus. « Elle consiste à fiabiliser toute la ligne de production à l’aide d’un concentré de technologies et de logiciels très sophistiqués. 

Les données sont toutes informatisées et les logiciels permettent d’automatiser la plupart des opérations. «  Il y a des normes à respecter. Mais on peut déroger parfois au cadre et faire nos propres tests et expériences dans la limite du raisonnable bien entendu. » Il est donc possible d’être force de propositions, notamment dans l’organisation de la production elle-même. « On fait remonter nos observations au chef d’équipe ou si l’on remarque des choses anormales. »

Son métier de Pilote de Fabrication / Conducteur de ligne

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • les responsabilités liées au poste de pilote de fabrication
  • le travail de gestion des productions et de coordination des équipes de caristes
  • le côté interactif de son poste et l’aspect communication auprès des entreprises extérieures ou lors de visite des ateliers
  • des missions assez variées.

Les aspects plus négatifs :

  • le travail de manutentionnaire associé au poste de conducteur de ligne avec la manutention des matières 1ères, notamment des emballages pour approvisionner les machines
  • les horaires difficiles : commencer parfois très tôt le matin.

Zoom sur ses missions

Jonathan a la particularité d’occuper deux fonctions bien distinctes au sein de son entreprise actuelle. Il est à la fois pilote de fabrication et conducteur de ligne.

Pilote de fabrication

Il intervient à toutes les étapes de la fabrication, de l’approvisionnement jusqu’à l’élaboration finale du jus avant de l’expédier en conditionnement.

Un rôle de supervision

Quand le jus est réceptionné, un caviste est là pour décharger et s’assurer qu’ils sont conformes. Ensuite, ils reçoivent un ordre de fabrication détaillant tous les ingrédients. A partir de cela, ils vont créer la recette dans une cuve.

Pour réaliser une recette, Jonathan renseigne au préalable tous les éléments dans l’ordinateur qui lui indique où se situent les différents ingrédients. Cette informatisation des données permet de gérer les stocks en temps réel. Tout au long du processus de fabrication des jus, Jonathan organise le travail notamment des caristes. Il indique dans quelle cuve les jus doivent être versés selon sa nature (pur jus, en purée ou en concentré) les composants à ajouter (colorants, vitamines, etc.), en quelle quantité et dans quel ordre. Il supervise l’ensemble des opérations à partir de logiciels très performants pour obtenir son mix final attendu.

Une fois que les jus améliorés sont prêts, il doit veiller à les ramener à la bonne teneur en fruits et en eau afin des normes et du cahier des charges initial. En relation avec le laboratoire pour la réalisation d’analyses cytologiques, il effectue également des tests physico-chimiques et vérifie le taux de vitamines, le degré de mix ou encore l’acidité du produit. Si besoin, il corrige les différents paramètres afin qu’ils respectent le cahier des charges.

Durant toutes ces opérations, il réalise au fur et à mesure un important travail de traçabilité : « Je dois remplir des documents et rentrer les données et informations dans les logiciels. Toutes les étapes doivent être répertoriées avec précision. »

Enfin, le jus terminé, il remplit un document et saisit la fin de l’ordre. Ces informations serviront également de support aux conducteurs de ligne pour lancer les jus sur leur ligne de fabrication et le mettre en emballage.  

Conducteur de ligne

Jonathan doit s’assurer que la ligne de mise en conditionnement fonctionne sans encombre et qu’elle est bien approvisionnée.

La gestion de l’approvisionnement

Une remplisseuse-conditionneuse va récolter le jus à partir du pasteurisateur pour le mettre en brique. Jonathan travaille sur la ligne des briques, chargé de l’approvisionnement en matières premières (cartons, bouchons, etc.) pour toute la ligne et passe les commandes au magasinier qui contacte à son tour les fournisseurs.

Il gère aussi le pasteurisateur, autrement dit le lancement du nettoyage, la stérilisation de l’installation, la demande de jus auprès du service préparation. Quand tout est aux normes, il participe aux tests de conditionnement du jus. 


Son environnement professionnel

   La structure

Il considère que travailler pour un groupe est un atout sur le CV face à un recruteur et que cela offre davantage de perspectives.

Le leader sur le marché français

Le site de Mâcon, où il travaille depuis plusieurs mois, est le site historique de production où avait été lancé en 1936 la marque Joker. Plus de 280 références sont ainsi préparées, fabriquées, testées et conditionnées avant d’être expédiées en direction des clients : des enseignes de grande distribution essentiellement.

Travailler sur un site aussi stratégique lui ouvrira certainement des portes : « C’est bien vu d’avoir travaillé pour une telle entreprise. Les recruteurs ont une vraie référence et nous font plus facilement confiance, en tout cas c’est mon expérience. » 


Ses relations avec son entourage professionnel

Du fait de son poste de chef d’équipe, il a quelques responsabilités et un rôle important de supervision afin de s’assurer du bon déroulement des opérations.

Un poste interactif

Il coordonne et supervise les interventions des différents corps de métiers.

Même s’il a d’autres projets en tête, ce travail lui convient bien tout comme l’ambiance générale dans laquelle il évolue. Il apprécie l’aspect relationnel de son travail et entretient de bonnes relations, à la fois avec les autres salariés et ses supérieurs. Ce sont plutôt les horaires qui sont difficiles, variant d’une semaine à l’autre « Soit je commence très tôt le matin, soit je finis tard le soir. Après, il faut prendre le rythme et c’est parti. Il m’arrive aussi régulièrement de travailler les week-ends. Ce n’est pas toujours évident. » 

L’agroalimentaire attire de plus en plus de femmes

Selon les ateliers de l’usine, les femmes sont plus ou moins représentées. Même si, de façon générale, elles restent minoritaires dans les ateliers, elles sont de plus en plus nombreuses à devenir conductrices de ligne, techniciennes qualité, chargées d’études marketing, responsables innovation, recherche et développement ou encore négociatrices de matières premières.

Une mixité toute relative

L’entreprise de Jonathan ne fait pas figure d’exception.

« En conditionnement, les femmes sont assez peu nombreuses, environ 30%. On retrouve plus de mixité au sein de l’atelier de préparation avec 40% de femmes à peu près sur les postes de pilotes de fabrication, d’ordonnancement et de machinistes. »

Elles sont encore plus nombreuses dans les bureaux et sur les postes administratifs. « J’aime beaucoup travailler avec des femmes, il y a plus de place pour les échanges et la communication. C’est toujours plaisant d’évoluer dans une ambiance conviviale. Cela rend le travail plus agréable, plus humain. »

Et la tendance semble même progressivement s’inverser, le secteur agroalimentaire est aujourd’hui très prisé des femmes. Selon une étude d’Observia, les femmes sont certes peu représentées dans les secteurs de la raffinerie, dans la meunerie, et dans les entreprises de production de boissons sans alcool, d’eau ou de bières. Inversement, elles seraient plus nombreuses dans la biscuiterie, la confiserie, la boulangerie-pâtisserie, les aliments pour l’enfance et la diététique ou encore au sein des industries de produits alimentaires élaborés.

Leur nombre a d’ailleurs considérablement augmenté selon les postes concernés. Alors qu’elles ne représentent que 17 % des superviseurs de production, elles constituent 49 % des opérateurs de production, selon les estimations du site Agromedia qui explique que : « De façon générale, elles sont largement sous-représentées dans les métiers de la maintenance et des travaux neufs et dans la logistique et sont au contraire majoritaires dans les métiers de contrôle, analyse et laboratoire, de gestion, administration, ressources humaines ou marketing. »