Solène, sportive invétérée, avait son chemin déjà tout tracé alors qu’elle était encore toute jeune. Et elle s’est tenue à ses objectifs. C’est sa passion pour le basketball qui a été le fil conducteur de l’ensemble de son parcours universitaire puis professionnel. En effet, elle a tout naturellement fait le choix de rejoindre des études dans le domaine du sport. Elle est toujours parvenue à conjuguer ses études et son amour du basket. D’ailleurs en parallèle de son cursus, elle a continué de pratiquer le basket-ball à un certain niveau puisqu’elle était rémunérée lorsqu’elle jouait au club de Voiron, à proximité de Grenoble. C’est ensuite qu’elle a rejoint le club de Villeurbanne, cette fois-ci à un niveau moindre, plutôt en en loisirs. Elle a alors intégré le master STAPS à l’Université Lyon 1.

Puis elle a rapidement trouvé un travail dans son club d’adoption, à savoir l’AS Villeurbanne Basket-ball Féminin (ASVBF). Aujourd’hui, elle continue de jouer au basket pour le plaisir et entraine dans le même club pour lequel elle exerce en tant que manageuse générale. 

Son Conseil

« Être dynamique, réactive et bien communiquer avec ses collaborateurs sont les conditions essentielles pour réussir dans ce métier. » 

Son cursus universitaire

Très tôt, Solène a su qu’elle voulait travailler dans le milieu du sport. C’est un peu plus tard que son objectif s’est précisé : devenir manageuse sportive.

Un parcours tout tracé

Après avoir hésité à rejoindre une école de commerce avec une mention management sportif elle a finalement fait le choix de l’université.

Le choix de l’université

« C’était beaucoup plus flexible et adapté pour continuer de pratiquer intensément le basketball. J’ai privilégié la dimension sportive sur l’aspect commercial et management. »

Avant le choix de la spécialisation, les trois premières années de licence sont assez généralistes afin d’avoir les bases scientifiques dans chaque domaine comme la biomécanique et l’anatomie par exemple.
Une fois le master intégré, elle a aimé le côté concret des cours axés sur le monde professionnel : « Il s’agit alors essentiellement d’intervenants spécialistes dans leur domaine. Cela permet d’avoir une vision concrète de tous les champs d’intervention du sport dans la branche qu’elle a choisie. »

A l’issue du M1, certains de sa promotion sont partis en M2 sur d’autres spécialisations pour élargir leurs horizons. « Moi j’ai fait le choix de rester concentrée sur mon objectif. »

La mixité durant ses études

Les études dans le domaine du sport attirent de façon générale beaucoup plus de garçons.

Moins de 20% de filles en Master 1

En master STAPS, elle a fait le choix de se spécialiser en Management des Organisations Sportives (MOS). Dans ce master, la mixité est très variable selon les parcours.
Avec 4% de femmes, ‘Préparation Physique, Mentale et Réathlétisation’ (PPMR) est l’une des filières les moins féminines de STAPS : 4% de femmes en M1 et même 1% en M2.A l’inverse, les femmes sont beaucoup mieux représentées voire à égalité numérique que les hommes dans les parcours Intervention et Gestion en Activité Physique Adaptée et Santé (33%) ou Mouvement, Performance, Santé (50%) .

Les femmes sont plus nombreuses à poursuivre en master 2 et donc certaines tendances évoluent entre les 2 années du master. Dans sa spécialisation MOS, elles étaient 20% en 1ère année alors qu’elles représentaient près de 40% en 2e année. Certaines femmes, semble-t-il, ont tendance à quitter des parcours très masculin (comme PPMR) pour intégrer des parcours plus mixtes. 

« Habituée à évoluer dans le milieu du sport depuis toujours, j’ai apprécié étudier avec d’autres sportifs passionnés comme moi, filles comme garçons. Il n’y a aucune distinction pour moi, à mes yeux les affinités ne sont pas une question de sexe mais de mentalité et d’état d’esprit. » 

Le rôle déterminant des stages

Selon elle, les stages jouent un rôle essentiel dans les choix futurs de parcours d’un.e étudiant.e.

Bien choisir ses stages

C’est pourquoi, il faut prendre le temps de trouver un stage avec des missions intéressantes et ne pas accepter la première opportunité qui se présente. Il ne faut pas hésiter à bien se renseigner. « On peut et il faut être un minimum exigeant même lorsque l’on recherche un stage. Il doit réellement apporter quelque chose, même si c’est pour constater parfois que l’on n’est pas fait pour une poste ou que certains aspects nous intéressent beaucoup moins qu’on ne le pensait. C’est du positif quand même, les stages sont là pour ça aussi. Ils doivent nous aider à trouver notre voie et peuvent même nous offrir certaines fois de très belles opportunités professionnelles. »

En L3, son stage à Canal + Events, filière évènementielle du groupe, lui avait énormément plu et permis de mettre un premier pied dans l’évènementiel, un domaine qui l’attire particulièrement encore aujourd’hui. Elle a ensuite effectué son stage de M1 à la Fédération française du sport Boules durant laquelle elle a eu l’occasion de découvrir le fonctionnement d’une telle fédération. Ces différentes expériences l’ont confortée dans son envie de travailler dans l’évènementiel et le sport.

Une opportunité professionnelle

C’est finalement grâce à son stage de Master 2 qu’elle a ensuite trouvé son emploi actuel à l’ASVBF (Association Sportive Basket Féminin Villeurbanne).
Son tuteur de stage lui a proposé de la prendre en CDD de 2 ans à la fin de la saison. Elle a quand même continué à rechercher un emploi, pendant six mois, en attendant que le club achève sa saison. 

Le sport associatif, un secteur à part 

Passionnée de basket-ball depuis son plus jeune âge, Solène a mis du temps à faire la part des choses entre travail et vie personnelle. Elle commence aujourd’hui à trouver son équilibre.

Être flexible et investie

Ses employeurs travaillent la journée et ne sont très souvent joignables qu’après 18H. Dans l’associatif, il faut faire preuve d’une grande adaptabilité. « Il n’y a pas d’horaires fixes dans le milieu associatif. »

Il n’est pas rare qu’elle finisse ses journées très tardivement, parfois même aux alentours de 22 heures. Les semaines de 40 à 45 heures sont pour elle monnaie courante. De plus, elle suit l’équipe 1 féminine sur des matchs lors de déplacements au niveau national plusieurs week-ends par mois. Elle s’est d’autant plus investie que le club souffrait de grosses difficultés financières, qu’il fallait donc lui donner un nouveau souffle et l’aider à se développer pour sortir de cette situation.

« La première année, je n’ai pas su faire la part des choses entre passion et travail et cela m’a porté préjudice dans ma vie privée. Aujourd’hui, je gère beaucoup mieux la frontière entre les deux et j’ai redéfini l’ordre de mes priorités. J’ai beaucoup gagné en maturité. »

Elle est aujourd’hui capable d’animer une réunion ou de s’exprimer en public, elle est donc beaucoup plus à l’aise à l’oral.

Arrivée à la fin de son contrat de deux ans, elle a finalement renouvelé pour la même durée et continuer de développer son expérience : « Dans le milieu associatif, les CDI se font beaucoup moins. » 

Une polyvalence intéressante

« Comme nous sommes peu nombreux pour gérer la structure, mes missions sont donc très polyvalentes. J’ai énormément appris, je touche un peu à tout en conservant une bonne part d’opérationnel, je me suis constituée un réseau intéressant dans les milieux du sport et de l’associatif. »

En contrepartie, elle doit faire preuve d’une certaine autonomie et travaille souvent seule sur ses missions même si des temps de concertation sont organisés.

Le club qui a subi une restructuration totale au moment de son arrivée. En regardant dans le rétroviseur, elle se rend compte aujourd’hui du chemin parcouru : « En dehors du côté sportif, c’est toute l’organisation qui a été revue afin de redynamiser le club et étendre son rayonnement. Nous avons aujourd’hui un public fédéré, des parents investis et une équipe soudée autour de beaux projets. » 

De belles responsabilités

Grâce à la petite taille de la structure, Solène a obtenu dès la sortie de ses études un poste de manageuse auquel elle n’aurait pas pu prétendre dans une entreprise ou un club de taille conséquente.

Elle a donc des responsabilités de management, de coordination et il lui arrive de devoir prendre des décisions toute seule lorsque la situation est urgente, surtout en matière d’évènementiel. Sur ce plan, elle est très autonome et a la chance d’avoir la confiance des dirigeants qui lui laissent une grande marge de manœuvre : « Je leur expose ce qui me semble le mieux pour la structure. Je n’ai pas le droit à l’erreur, il faut que j’assure. Si l’événement est un flop, je vais perdre progressivement la confiance de mes dirigeants. »

Même si elle est autonome, elle n’est pas pour autant complètement isolée : «  Le comité de direction composé de huit personnes est très ouvert à l’échange. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tous les points mais nous pouvons en discuter, rien n’est imposé, chacun est libre d’exposer ses positions. Mais dans l’ensemble, on est souvent sur la même longueur d’ondes. » 

Son métier de Manageuse Sportive d’un club sportif

Sa vision

Les aspects les plus plaisants du métier :

  • le côté gratifiant de réaliser les projets qu’elle a entrepris
  • la polyvalence de son poste : elle n’a jamais le temps de s’ennuyer
  • l’interaction avec des publics très divers : enfants, adultes, bénévoles, professionnels, élus, partenaires.

Les aspects plus négatifs :

  • le manque de temps, parfois, du fait de la diversité de ses missions pour aller vraiment au bout des choses
  • une grande autonomie qui peut être un peu pesante. 

Zoom sur ses missions

Évènementiel / Logistique 

Une grosse partie du travail de Solène consiste à organiser des évènements.

Promouvoir le club

Les évènements internes (fête du club, animations sportives) ont pour objectif de fédérer le public et les licenciés autour du club et de créer un sentiment d’appartenance. « Ils doivent se sentir faire partie d’une communauté en quelque sorte dans laquelle ils s’investissent et qui en retour leur apporte un vrai lien social, un cadre agréable et convivial et une organisation de qualité. » L’autre partie de sa mission consiste à réaliser des évènements cette fois-ci à destination de publics extérieurs (réception de partenaires, petits déjeuners, visite de l’équipe 1 dans des entreprises locales) afin d’assurer la promotion du club, et contribuer à développer sa notoriété. Pour l’organisation de certains évènements, elle travaille en collaboration étroite avec un bénévole responsable de l’animation : « Tout se fait en concertation, nous échangeons systématiquement en amont de chaque projet. »

Dernièrement, elle n’a pas renouvelé son contrat de deux ans à l’ASVBF mais a évolué vers un poste à la dimension évènementielle encore plus marquée.

A NOTER : Arrivée à la fin de son contrat de deux ans, elle n’a finalement renouvelé son contrat et a signé pour un CDD dans une entreprise spécialisée dans l’évènementiel. « Dans le milieu associatif, les CDI se font beaucoup moins. Cette expérience a été très formatrice mais j’avais l’impression d’avoir fait un peu le tour et j’avais envie de partir du milieu associatif tout en me rapprochant de l’évènementiel, pour évoluer sur de plus gros projets. Je suis très satisfaite aujourd’hui. » Elle vient de signer un nouveau contrat au sein de l’entreprise Loca Reception qui lui donne aujourd’hui la possibilité d’étendre ses compétences sur la location évènementielle dans tous les secteurs. « Nous sommes partenaires officiels de l’OL, l’ASVEL, le LOU rugby par exemple et cela me permet de garder un pied sur les manifestations sportives. ». Son objectif début 2015, est de signer un premier CDI. 

Communication interne et externe 

Elle veille à ce que l’information circule bien en interne comme en externe, auprès de ses différents interlocuteurs.

Son rôle de représentation avec l’extérieur

Elle fait le lien entre les salarié.e.s, les bénévoles, les entraineurs/entraineuses et les dirigeant.e.s. Qu’il s’agisse d’échanges horizontaux ou verticaux, elle doit s’assurer que les bons destinataires ont bien eu les informations à temps et de façon claire et précise. « C’est avec une bonne communication que l’on évite les conflits et que l’on peut créer une bonne cohésion. Elle est aussi indispensable pour le bon fonctionnement de la structure. » Elle est aussi en charge de l’information auprès des licencié.e.s et des parents.

Enfin, elle a un rôle actif de représentation de l’association et est le relai avec l’extérieur. Interlocutrice privilégiée des partenaires, des élu.e.s de la mairie et des médias, les missions de Solène sont nombreuses : rédaction de communiqués et gestion des relations presse, organisation d’actions et d’événements pour le rayonnement du club. « Nous n’avons pas beaucoup de budget mais si on communique bien auprès des médias locaux, on peut avoir des retombées intéressantes. »

Elle s’occupe également de mettre à jour et d’alimenter régulièrement le site internet et d’animer la page facebook, assure la communication externe, et réalise des actions de communication. 

Administratif

Il s’agit de toutes les tâches administratives propres au milieu associatif.

La gestion interne

Elle est en charge de l’organisation des matchs : « Je ne touche pas au côté sportif mais je m’occupe de toute la logistique en amont, la gestion des plannings et des budgets. » Elle doit s’adapter à la politique budgétaire et travaille donc en lien étroit avec le trésorier de la structure.

Il y a dans cette mission, un petit aspect ressources humaines mais cela se limite aux tâches qui incombent à son poste de manager. Elle n’est en aucun cas responsable de l’embauche ou du licenciement d’une personne, de son salaire… Elle se contente d’organiser au mieux les choses, pour qu’elles soient réalisées de façon efficace en respectant les contraintes. 

Son environnement professionnel

   La structure

Travailler dans l’associatif implique quelques contraintes, notamment en terme de budget et de réactivité, mais présente aussi des atouts, notamment en terme de pratique professionnelle.

Participation active à son développement

Pour commencer l’association sportive compte aujourd’hui quatre salariés, une vingtaine de bénévoles et un peu plus de 200 licencié.e.s. Elle assure l’exécution des décisions du comité de direction.

Lorsqu’elle est arrivée, la structure était en pleine restructuration et, en dehors des joueuses, elle ne comptait aucun salarié. « Désormais, plus aucune joueuse n’est salariée  au profit des personnes qui œuvrent pour le club. »

A l’heure du bilan du premier cycle de deux ans, l’image du club a changé : « Je suis ravie du résultat, avec des parents, des licencié.e.s et des bénévoles qui ont envie de s’investir. Tout le monde marche aujourd’hui dans le même sens, en faveur du développement du club. Reste aujourd’hui à garder cette dynamique. Le club est de plus en plus attractif, et ceci se vérifie même au niveau sportif. On accueille des joueuses de haut niveau que l’on n’avait pas auparavant. Et les résultats sportifs de cette saison, entre autres pour l’équipe 1, sont plus que satisfaisants. »

 Évoluer vers plus de responsabilités

Elle a aujourd’hui fait le choix de prolonger son contrat au sein de l’ASVB mais elle ne se ferme aucune possibilité.

Des perspectives très larges

« J’aimerais évoluer sur un aspect plus professionnel dans le secteur public, pourquoi pas sinon rejoindre le privé afin de continuer de développer ses compétences. » Elle a aujourd’hui l’impression d’avoir fait un peu le tour de son poste et qu’il n’y a plus vraiment l’opportunité d’apprendre de nouvelles choses. Même si les projets sont intéressants et varient, ses missions restent les mêmes.

Deux options se présentent. Elle souhaiterait se spécialiser davantage dans un service RH, communication, évènementiel au sein d’une entreprise, développer une véritable expertise dans un domaine de compétences et pouvoir prétendre un jour à un poste de chef de projet, manager ou responsable communication/évènementiel dans une grosse structure privée.

L’autre possibilité, qui s’inscrit aussi sur le long terme serait de se diriger sur le même poste mais dans un club professionnel : « Je n’ai pas encore assez d’expérience pour occuper une telle fonction mais c’est une piste que je garde dans un coin de ma tête pour plus tard. »

Son environnement professionnel

Du fait de son poste, elle est en interaction permanente avec des publics très divers.

Des publics divers

Le Président est son interlocuteur direct. C’est à lui qu’elle se réfère dès qu’elle en a besoin. Celui-ci fait partie d’un comité de direction composé de huit membres. C’est eux qui définissent les axes stratégiques à suivre pour le développement du club et qu’elle doit mettre en exécution. Ce qui ne l’empêche pas d’être force de propositions et de pouvoir soumettre ses idées. D’ailleurs sur toute la partie évènementielle, elle travaille en amont puis présente ses propositions à un comité qui les valide ou formule quelques suggestions. Chaque décision est discutée. Les échanges sont nombreux.

Au quotidien, elle fait l’interface entre les publics internes et extérieurs à la structure. Elle est donc en contact avec toutes sortes de publics. Au sein de la structure, elle travaille aussi bien avec des ingénieur.e.s, des informaticien.ne.s, des graphistes. A elle de s’adapter à chacun de ses interlocuteurs. 

Une majorité d’hommes

La proportion varie selon le niveau de responsabilité.

Le monde associatif assez ouvert à la mixité

« Le comité direction ne compte que deux femmes sur huit personnes alors que les entraineurs sont en majorité des femmes, ce qui est relativement rare même dans des clubs de sport féminin. Etre une femme ne l’empêche pas de bénéficier du soutien et de la confiance de ses dirigeants. »

Il peut arriver qu’elle se fasse taquiner gentiment par quelques collègues mais elle ne se prive pas pour faire de même dès que l’occasion se présente : « Quand je dois par exemple porter du matériel, je n’hésite pas à leur faire remarquer. D’ailleurs bien souvent, je reçois un peu d’aide. Il faut savoir en tirer les bons côtés et surtout toujours le prendre sur le ton de l’humour et de la plaisanterie. »

L’ambiance de travail est donc très agréable, propice à la bonne humeur même si il faut réussir à toujours être la plus professionnelle possible afin de ne pas perdre en crédibilité et donc en confiance auprès de ses responsables hiérarchiques.

Le monde associatif étant un peu à part, les filles sont plutôt bien acceptées. « C’est un milieu très ouvert, d’autant plus dans un club de basket féminin. Tout le monde a bien conscience que les femmes apportent des choses très positives. D’ailleurs, parmi les salariées, les femmes ne sont pas en reste. Reste encore quelques progrès à faire au niveau des postes à responsabilités. Même si ils ne sont pas fermés aux femmes, elles sont encore en minorité dans les équipes de direction. »